Je devais avoir une dizaine d’années, plutôt moins que plus, le souvenir est vague.
Parfois, mon père et sa sœur décidaient d’aller voir une tante, une de leurs tantes qui habitait le village de Quenza.
Une décision soudaine dont je ne savais jamais les raisons impératives qui motivaient leur visite.
Les relations dans les familles étaient plus étroites et plus suivies qu’aujourd’hui alors que les moyens de locomotion sont plus faciles et plus répandus de nos jours. L’air du temps a changé.
Il me semblait aller au bout du monde.
Papa courait les concours de danse et se rendait à Quenza à pied.
Parfois son cousin Jacques, plus jeune et qui fut ministre – ce dernier m’a raconté leurs aventures à la fin de sa vie – l’accompagnait pour l’encourager dans ses prestations de valse, de paso ou de tango, qu’il remportait souvent, m’a-t-il dit.
Un maigre pécule pour ses jours sans salaire.
Se rendre à Quenza avec une partie de la famille était une expédition. J’avais l’impression d’aller dans un endroit lointain, le trajet en traction, véhicule en vogue à l’époque, me semblait interminable.
La traction noire d’un taxi occasionnel local roulait pépère comme pour allonger le temps.
Nous n’étions pas coutumiers des déplacements en auto, cela en rajoutait sur la distance entre les deux localités Levie et Quenza distantes seulement de seize kilomètres. La voiture était synonyme de long voyage alors que l’âne ou la mule étaient coutumiers pour les déplacement quotidiens.
En arrivant devant la maison située dans la ruelle à gauche juste en face de l’église, ce n’était qu’embrassades, étreintes et quelques larmes versées. J’entrais en monde inconnu.
Mes impressions sont vagues et peut-être erronées.
J’ai le souvenir d’une maison sombre, d’une dame vêtue de noir qui semblait apprécier cette invasion soudaine car elle n’était pas prévenue de notre arrivée. Cela se décidait un soir et l’expédition prenait corps le lendemain en alertant la personne qui pouvait nous véhiculer.
J’ai gardé le souvenir de gens qui souriaient au récit de leur enfance, à l’évocation de leurs aïeux.
On me laissait à l’écart, non pour me négliger mais parce tante et neveux avaient besoin de se remémorer leur passé. Refaire leur enfance alors que je devais, dans ces moments « d’oubli », vivre la mienne en secret.
Mes souvenirs sont très minces et très sélectifs. J’ai mémoire d’une épave noire, une voiture en ruines garée devant la maison et d’un garçon plus âgé que moi qui revenait à la maison avec un seau rempli de charbon, sans doute pour alimenter un poêle ou un brasero ?
Nous passions le jour entier et la nuit avant de regagner notre village dans la matinée, tout était programmé, déjà convenu avec le chauffeur qui devait nous reconduire chez nous.
La maison était petite, j’ignore comment tout ce monde pouvait se reposer, ce dont je me souviens c’est d’avoir dormi dans le lit avec la vieille tante et une cousine, tête bêche, sans doute pour occuper moins de place. C’était la première fois pour moi et je me souviens avoir pensé à la position sardines dans leur boîte car j’en consommais souvent en allant chez tante Marie.
Je n’ai jamais su qui était cette grande tante. Chez nous, on ne s’épanchait pas avec les enfants, on vivait sa vie sans en informer les plus jeunes. Ce fut ainsi avec moi, peut-être que mes ascendants croyaient que c’était chose évidente qui ne se commentait pas.
Aujourd’hui, je cherche encore à savoir qui était cette personne perchée sur la branche maîtresse de notre famille…
Ce texte est comme une bouteille à la mer.
Je sais que la fille, approximativement de mon âge, s’appelait Célestine.
Si ce texte pouvait parvenir jusqu’à elle, peut-être pourra-t-elle m’informer précisément des liens de parenté qui nous unissent.
Chère Célestine, si cette histoire parvient jusqu’à toi, peux-tu m’apporter cet éclairage ?
Cela fait un bon moment que je cherche à savoir…
PS. Je reblogue ce texte car après la parution de mon livre, j’ai découvert, outre les retrouvailles avec Célestine, une deuxième cousine nommée Marie Pierrette qui me cherchait aussi. Nos grands-mères étaient sœurs, les liens qui nous unissent ont été rétablis. Si l’ouvrage qui relate en partie l’histoire de ma famille n’avait pas été publié, je serais passé encore maintes fois devant la maison de mes cousines dans l’ignorance de nos liens.
Elles m’ont confirmé que mes souvenirs étaient exacts.
Quelques images de Quenza en Alta Rocca (Corse du Sud)

Des sculptures :



Un clin d’œil au cochon.
Longtemps et encore village réputé pour sa charcuterie, Quenza a valu à ses habitants le sobriquet » I pedi purcini » = Les pieds de cochon.


J’espère que madame Célestine se manifestera ou que quelqu’un pourra vous renseigner…
Quenza est un beau village, vous me donnez des envies de balade, allez peut-être au printemps 🙂
🙂 Impatiente.
Le texte a été relayé sur FB par quelques personnes.
certaines ont contacté des villageois par message privé.
J’attends la suite. Je sais que la personne vit dans le village.
Il y a aussi la page de la Mairie de Quenza sur Fbk………. qui sait…….. ils peuvent connaître……… ils ajoutent qu’ils sont ouverts lundi 😉
En général ces pages sont inactives, c’est juste pour le standing !
Dans nos villages, on se connait tous au moins de réputation si on ne s’est vu.
Bonjour, Célestine, ce n’est pas un prénom courant ! Il s’agit peut être de Célestine ex-épouse Mattéi qui travaillait à la poste de Quenza. Elle était mariée à un de mes cousins mais je ne connais pas son nom de jeune fille. Elle habite toujours à quenza. Vous pourrez la trouver facilement en appelant la poste ou la mairie
Bonjour Vanina.
Oui, c’est bien elle, elle a été identifiée et quelqu’un est chargé de la contacter.
Je vous remercie et vous souhaite un bon mardi 🙂