Un monde à défaire… Un monde à refaire ?

Voilà le genre de papier qui va barber le monde ou va sans doute être boudé. Pourtant, son contenu émane tout droit des choses de la vie.

Avec la fulgurance des médias, très vifs à réagir, les infos nous parviennent à grande vitesse. Elles arrivent, savonnées, frottées, lessivées, essorées, séchées puis repassées à la mode éditoriale du média diffuseur capable de réussir ce tour de force en direct. C’est très rapide car l’info « tout de go », à gober vite fait, est bousculée par les prochaines nouvelles qui surgissent sur les chapeaux de roue.
On ne réfléchit plus, on avale, on claque quelques critiques sur des images tronquées et on saute sur les faits fraîchement pondus.

Feu Montaigne, qui aurait quelques 487 ans aujourd’hui, préconisait le doute plutôt que la certitude infuse. L’analyse demande du temps et aujourd’hui le temps c’est de l’argent plus que de tout temps. Qui évoque l’argent change le tempo.

Prendre du recul n’est pas une mince affaire. Ce n’est pas donné à tout le monde. L’esprit d’analyse et de synthèse, l’esprit critique finalement, n’est pas la chose au monde la mieux partagée comme se plaisait à le dire René Descartes, du bon sens. L’usage de la raison qui serait donc également répartie à tous, a basculé du mauvais côté pour le plus grand nombre d’êtres pensants… très peu pensants. Comme si nous avions décidé de nous en passer, en considérant le « prime-abord » et l’émotion avant tout. Se fier à l’impression, faire confiance aux médias qui mâchent les informations afin qu’elles nous parviennent prédigérées ou totalement liquéfiées pour passer plus facilement au fond du gosier. A cet égard, la toile est la meilleure et la pire des choses.

Il suffit de lire tous les commentaires postés sur les réseaux sociaux et les médias en ligne pour s’en convaincre définitivement. Des joutes verbales pleines d’injures, si possible pratiquées avec la plus grande verdeur qui renforce l’idée d’avoir raison. Plus on cogne fort avec des mots choisis dans le pire catalogue des gros mots et plus on se persuade de nager dans le vrai.
Triste époque.
C’est très difficile de se montrer circonspect, sceptique, calme et mesuré. Vous passez sur le champ pour une mauviette sans odeur ni saveur. Il faut du vert, du lourd, des invectives qui assomment net et vous laissent sans voix. De la sorte, lorsqu’on relit l’article qui est déjà un premier remaniement éloigné de la réalité, incomplet ou partial, on prend conscience que les avis balancés sans modération, n’ont plus rien à voir avec le sujet. Ce dernier est devenu prétexte à développer des rancœurs entre personnes qui ne se connaissent pas et finalement se connaissent par détestation d’idées interposée.

Comment vous dire ?
Entre « Que-sais ?» et « Je sais ! », il y a tout un monde à défaire mais faut-il et peut-on le refaire ?
On se demande si l’info bio, toute biscornue, sortie sans aucune retouche du champ d’investigation est encore désirée. Au-delà du penser par soi-même dont on a perdu l’usage, il y a le penser volatile qui donne l’impression de tout comprendre en s’évaporant.
Les cerveaux fument pour embrumer la sagesse.

L’homme, cet animal dont le propre est le rire, nous fait bien rigoler…

Comment se faire pardonner après avoir commis un tel texte ?
En offrant quelques bêtises, pardi !

A voté ! Et puis après… (Léo Ferré)
Si près du vrai et pourtant si éloigné…
Tout ça pour ça !
Avocaméléon, c’est un métier.
Celui qui a plaidé ta cause avec bonheur aurait pu être ton bourreau si la partie adverse avait eu la bonne idée d’entrer dans son bureau, avant toi.
A la fois pile et face, il vit sur la tranche avant de savoir s’il va plaider face ou pile.
Et tout compte fait, c’est bien mieux ainsi 🙂

9 Comments

  1. Le portrait de Trenet est très réussi 🙂 et j’aime beaucoup votre déco de Noël, deux illustrations qui viennent encadrer votre intéressante réflexion.
    Oui les infos nous parviennent, à l’état brut, sans avoir été seulement vérifiées avant de nous les jeter en pâture et sans une once de réflexion puisque c’est à celui qui accumule le plus de scoops dans la journée. Rappelez-vous lorsqu’ils avaient retrouvé Dupont de Ligonès… La faute aux média qui font du chiffre, aux journalistes qui acceptent de bosser dans ces conditions, la nôtre qui restons scotchés devant les écrans? Sans doute un peu tout cela. Il faut dire que nous aimons aller à la facilité et au rapide. Beaucoup plus simple que de lire des articles de fond sourcés… Car il y en a malgré tout.

  2. Oui, pour les documentés mais différés…
    J’aime bien l’évocation de l’avocaméleon.
    Pour Trenet, je n’ai pas trop traîné, je ne suis pas mécanisé pour dessiner sur une tablette mais bon, je m’amuse même médiocre dessinateur.

  3. Ouf ! Sauvé ! J’attendais un pardon…
    Merci gibulène, j’ai failli écrire gibulaine 😉
    Bonne soirée.

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