Dans la beauté des choses.

Aujourd’hui c’est temps à trombes d’eau, difficile de passer entre les gouttes. Il est plus simple de fouiller dans les images pour retrouver un autre temps pluvieux mais printanier…

La nature surprend toujours.
Que l’on soit cartésien portant un regard scientifique et rationnel sur les choses environnantes ou simplement mu par l’anthropomorphisme, c’est à dire à l’écoute de ses émotions uniquement, il y a régal en la nature.
Elle s’affiche et s’en fiche, j’interprète à ma guise.

C’était un jour de printemps, un mois de mai abondamment arrosé, presque du jamais vu tant les nuages avaient sangloté et pleuré.
Le beau temps était revenu.
Je me baladais parmi les hautes herbes à la recherche d’une image.
J’avais le choix des vues, je promenais mon regard léger, celui qui voit, au-delà du réalisme, l’autre cœur des choses.

Je flânais, je ne visais rien de particulier.
Ce sont les tiges, les corolles, les feuilles qui commandent, ce sont elles qui me parlent, me dictent ce que je veux entendre et qui m’échappe au prime abord.

Les coquelicots abondants et d’ordinaire si pimpants, fiers comme des Artaban, semblaient lavés, lessivés, fatigués. Les étamines avaient coulé, glissant sur les pétales comme les cheveux d’un cuir atteint par la gale soudaine. Le pistil, dont on devinait le tabernacle rempli d’ovules, présentait son style dégarni comme un crâne de moine à large tonsure, surmonté d’une tiare.
U pampasgiolu (le coquelicot) se prenait pour un pape égaré dans les champs ou en visite dans un jardin sinistré.

J’ai l’humeur safranée, le regard musqué, les mots parfumés à l’ambre.
De tous les encens, de toutes les fragrances, ce sont mes goûts préférés.
Je ne peux faire un pas tranquille dans la nature sans y voir des merveilles qui m’enchantent.
Je refais à ma guise, un monde qui existe déjà, mais un monde ici absent et donc trotte dans ma tête.
Mon « ici et maintenant » a viré à « ailleurs présentement ».