J’ai un problème.

Un petit problème, plus je vieillis et plus je me trouve jeune, mais pour y croire vraiment, j’évite de passer devant un miroir, sinon tout s’effondre.

La retraite, pour qui sait bien la passer, est une période de la vie très agréable, pour moi du moins.

J’ai tout loisir de revoir mon parcours, non pour pleurer dessus mais pour sourire à ce long chemin qui m’a conduit jusqu’ici.

J’étais plutôt du genre sérieux, chargé de logique, de bon sens et donc très cartésien. Ma formation première était scientifique, j’en ai gardé toutes les empreintes.

Dans ma dernière ligne droite, il faut bien passer un jour la ligne d’arrivée, j’ai relâché l’étreinte du rationnel, non pas que je sois devenu un illuminé d’une quelconque révélation, mais pour m’amuser un peu et partir sur une insouciance reposante.
Oh ! Je ne suis pas dupe, je sais que je cabriole comme un gamin encore voie de maturation et j’en joue volontiers.

C’est épatant.
Chaque jour qui passe, pourtant un de moins, m’enchante au plus haut point.
Peut-être déchanterais-je un de ces quatre matins, pour l’heure, je chante 🙂

Je pense m’être inventé le rationnel léger, celui qui permet de tenter quelques entorses à la réalité sans grandes conséquences, en outre, je suis capable de retomber sur mes pattes.
Les soucis sont devenus les cadets de mes soucis.
La vie s’épanouit dans toute sa splendeur, en immersion dans la nature. Cette nature que l’on n’a plus envie de déranger, je la regarde en habits de saisons, j’en apprécie le vent léger, un peu moins les tempêtes en me disant qu’elles sont là pour mieux apprécier le temps doux. Tout en contrastes nécessaires à renforcer les plaisirs de la vie.

Parfois, je regarde le ciel, longuement, assis sur un rocher face à ma vallée.
Je deviens sioux, comanche, cheyenne ou apache. Iroquois pourquoi pas ?
Quand le vent monte de la vallée et qu’il me caresse le visage, je m’imagine grand sachem et quand je me sens grand-manitou, une grosse envie de remanie-tout m’envahit.
J’envoie des volutes de fumée au monde, je n’ai jamais eu de retour sinon la montée de la brume ou du brouillard qui ne lisent jamais mes messages.

Vous voyez, il ne m’en faut pas beaucoup pour que je revête aussitôt la vieille panoplie d’indien que je n’ai jamais eue. L’enfant qui sommeille en moi se réveille de temps en temps pour m’emmener sur des sentiers encore inexplorés.

Raconter mon histoire pour faire rêver les lecteurs ou les agacer de tant d’égocentrisme, me permet de voyager dans l’univers des autres. Je m’invite à leur table et j’imagine l’ailleurs.
Une clochette tinte « insistamment » : est-il possible de faire l’économie de sa propre expérience en s’appuyant sur celle des autres ?
Evidemment non.
On ne peut sauter à pieds joints d’une rive à l’autre sans avoir pataugé dans l’onde.
On ne devient sec qu’après s’être bien mouillé.

Que chacun, je parle aux jeunes, fasse sa propre expérience et puis advienne que pourra !

Ainsi vont les choses de la vie, ainsi va la vie…

Et la lumière fut !

Le petit plus :

Un clin d’œil à Al.

6 Comments

  1. Très fière de ce clin d’oeil, merci Simonu! Je vais même vous piquer le dessin pour l’avoir dans ma bibli d’ordi 🙂
    Vous l’avez bien méritée, cette insouciance, ce temps de paix intérieure est donné à ceux qui savent savourer ce qui les entoure, je crois que nous nous rejoignons sur ce point même si les circonstances sont différentes. Mais enfin savoir tirer le meilleur c’est bien et pas donné à tout le monde.
    Encore merci, c’est un gros plaisir 😉

  2. La paix intérieure que l’on s’octroie à la retraite et ce cheminement vers soi, qu’y a-t-il de plus gratifiant ? je vous imagine peu en iroquois, leur côté impitoyable ne vous sied pas.
    Un cheminement que je fais à pas lents depuis maintenant trois ans, qui m’a mené aux pierres, à la connexion avec la nature, et au tambour chamane ! Je vous souhaite une belle route !

    1. 🙂
      Iroquois, c’était pour le jeu de mots avec « pourquoi pas ».
      Vous savez, désormais puisque vous suivez mes écrits, que le fond et la forme sont à sauts et à gambades.
      Je m’amuse Gibulaine et il m’est impossible de rester dans la « strictitude » des mots 😉
      Je folâtre mais à travers mes badineries, je laisse quelques idées à sucer.
      Merci Gibulène, c’est sympa !

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