Le temps est maussade, je suis devant mon ordinateur et j’attends l’inspiration. A travers ma fenêtre, je vois la montagne perdue dans le brouillard. Il a plu à seaux, les nuages n’en peuvent plus. Vidés de toute leur substance, ils forment un voile uniforme, immobile, un toit triste à mourir d’ennui. Pas un souffle et pourtant la brume voyage, tirant son rideau depuis la vallée et je devine les contours des sommets qui se détachent un peu, à la faveur d’une évanescence. A ce jeu d’enfumage, le paysage s’estompe. Seule, la vigne vierge rougie par l’annonce de l’automne manifeste une colère timide. Une rose blanche, à peine éclose agite son point blafard dans la grisaille ambiante. Sa voisine, la rose pâle hisse sa corolle encore bourgeonnante pour teinter timidement l’atmosphère.
Un rayon vient de percer et se bat avec la brume pour chauffer de sa lumière encore ardente. Les nuages courent, une légère brise s’est levée pour animer un peu cet emballage fumigène. Un trou bleu indien se forme dans le ciel. Il semble voyager puis se referme pour apparaître de l’autre côté du noyer.
Pas une âme qui vive autour de la maison. Le temps s’amuse tout seul. Le ciel céruléen de la veille est méconnaissable, on sent le basculement des saisons.
Ce soir, le mystère va envahir nos esprits. Toute en nuances de gris, la voute céleste deviendra terrain de jeux. Les nimbus, stratus et cirrus rivaliseront de facéties pour animer les étoiles. La lune, d’ordinaire si lente, sprintera entre un nuage et l’autre. S’éclipsera, puis apparaitra et se cachera de nouveau pour un instant ou pour longtemps.
Toute cette magie, ces « va et vient » qu’on indiffère, cette vie indépendante agitera le mystère dans la toile des neurones du quidam perdu dans la nuit. Il lui viendra l’idée, l’image, l’espoir d’un magicien capricieux qui joue à cache-cache avec l’Homme comme les nuages semblent s’amuser aussi.
Ou alors, ce vide sidéral, ce trou noir de l’esprit qui se perd là où siège le néant.
Pluie, brouillard, vent… tous ces moteurs de vie sont-ils là pour nous donner signe de vie divine ? Ou n’est-ce que l’univers, moteur qui ronfle pour lui-même ?
Aujourd’hui, je me laisse bercer par l’humeur du temps et lui n’en a cure, il copine avec celui qui passe, celui qui nous emmène on ne sait où.
J’écoute, je regarde, je vis dans l’air du temps… Tiens, je suis encore là ! Mais pour combien de temps ?
AH le temps , les éclaires , le tonnerre ,la pluie , le brouillard ,une lueur de soleil sur ( o Pinetu) quelques secondes apres ç est reparti pour belle averse un temps de la Toussaint bien triste et cafardeux