Mais que t’arrive-t-il Simonu ?
Rien, rien ! Rien de nouveau, des choses que je sais déjà…
Je vais vous dire.
La vie n’est pas un manège éternel.
C’est un manège perpétuel au sens strict du terme, c’est à dire, qui apparait un jour puis disparait un autre jour, lointain ou proche, sans prévenir et quelques fois en prévenant.
On ne fait qu’un tour. On ne met pas une pièce pour recommencer.
Cet unique tour, mieux vaut le vivre à fond, poser ses sens dessus et ne perdre miette.
On fait le plein de ce qui nous est offert.
Voilà l’affaire :
Hier, dans le texte « Rencontres », j’évoquais deux amies de toile (internet) devenues amies tout court sans aucune rencontre physique entre nous.
Sur ce registre, j’avais une autre amie avec laquelle je communiquais par mails et par messages privés sur FB.
C’est elle qui m’a repéré un jour et m’a écrit.
Luce, était un personnage fort qui ne laissait personne indifférent. Une femme artiste peintre, décoratrice reconnue à travers la planète. Elle me parlait de ses décorations à New York, Philadelphie ou Los Angeles.
Une femme musicienne qui a traversé le monde pour des concerts au piano avec les plus grands chefs d’orchestres.
Une femme écrivain à la plume légère lorsqu’elle exprimait les chaos de sa vie, toujours trempée dans des mots forts, juteux, pour créer des expressions qui n’appartenaient qu’à elle, parfois la plume baïonnette qui fonçait tout droit et transperçait, impitoyable. Une dame cultivée, nostalgique de son enfance et de sa terre natale.
Comment a-t-elle pu, un jour, s’attarder sur mon humble personne ?
Je vais vous raconter.
Un matin, je découvre un texte dans le site « Reflets du temps ».
Elle s’adressait à un inconnu et la lettre s’intitulait « Confucius au jardin des plantes ».
Cet inconnu c’était moi, je vous livre son texte dans sa totalité ci-dessous.
Ce fut notre première rencontre, quelques jours auparavant elle m’avait demandé l’autorisation d’utiliser une de mes photos représentant un brou de noix ouvert, prêt à lâcher prise, la noix s’apprêtait à tomber. Une image que j’avais intitulée, « Le brou béant ».
Elle avait saisi le brou intrigant, au bond des mes légendes parfois singulières …
Depuis ce jour, nous avons entamé une longue conversation avant de devenir des amis virtuels mais tout de même un peu plus, elle commençait souvent ses messages par « Cher Simon ». Elle m’appelait « le sage » non sans me bousculer un peu sur l’idée de Dieu. Je lui souriais dans mes réponses, elle me renvoyait toujours quelque reproche mais semblait comprendre ma démarche. Elle a fini par capituler, elle avait changé de sujet.
Un jour, j’ai voulu lui rendre hommage.
Avec son aval, je lui adressais une sorte de lettre à mon goût que j’avais intitulée « Les textes Picasso ». Elle en fut ravie et me remercia fortement.
Quoi de plus beau pour l’artiste peintre qu’elle était ?
Les textes Picasso, car ses textes forts et beaux dans le fond pour qui parvenait au cœur de ses pensées, présentaient une forme absconse, de sorte qu’on n’était jamais certain d’avoir compris ce qu’elle exprimait. Des textes triturés, torturés mais intrigants par la puissance des mots et de l’expression. C’était invariable, toujours ainsi. On avait l’impression de se trouver face à un tableau du maître sans jamais être certain de tenir la bonne interprétation.
Cela faisait plusieurs jours qu’elle ne se manifestait plus sur FB. Je pensais qu’elle prenait un peu de recul.
Et puis, venant d’évoquer les deux amies disparues, je suis allé sur sa page pour interpréter son silence.
Je suis resté un long moment interloqué, incrédule devant l’annonce « Aux amis de Luce » suivi d’un avis de décès.
Je n’ai rien vu venir et rien n’annonçait le pire dans ses dires et son comportement.
Luce s’en est allée sur la pointe des pieds après avoir parcouru le monde, bouclant ainsi, pour moi, l’adage du jamais deux sans trois.
Je venais de perdre une amie inconnue, encore une, je voulais avoir une pensée pour elle, elle avait sa place dans mon blog.
Cette page écrite dans la foulée de ma découverte, je n’ai pas souhaité prendre du recul, nous ne ruminions pas les mots avant de les livrer.
Chère Luce vous évoquiez si souvent l’au-delà, fortement persuadée qu’il y avait autre vie.
Désormais vous savez… ou pas.
Personne jusque là, n’est revenu nous livrer le moindre espoir.
Il nous reste le temps, très peu de temps, la notion de temps, que diable !
Si parfois j’écris à sauts et à gambades, elle écrivait à gambades et à sauts…
Voici son texte qu’elle avait reversé dans son blog et Médiapart.
Confucius au jardin des plantes
Le brou béant.

Lettre à un ami inconnu qui « s’amuse avec le temps » .
Monsieur le Barde de l’Aratasca , cédez au petites lumières de la ville , soulevez le voile rongeur du jour éphémère et… « souviens -toi d’ oublier »
Tête à tête sur un texte de Simonu D……. celui qui avait écrit Vous savez que vous êtes de Lévie , si ………
Mais une amoureuse de Chine ne regarde les toits des maisons que par dessus les montagnes pourpres de la Corse en dessous de la lune , juste pour voir les paysans murmurer les secrets de leur village autour de la cheminée .
Je me hasardais à poser une question après une longue hésitation: « un brou béant » … qu ‘est ce que c’est ?… Parce que je n ‘ai jamais vu un brou béant et je ne suis jamais allée à Lévie .
Alors, Simonu a répondu à ma question avec la photo d’ un petit morceau de sa vie . Même en la regardant bien, je ne sais pas encore si c’est une photo ou une image ou peut-être même une étape vers une sortie d’ élection ! Diminution de ses forces , excavation par simple appel du large , empereur chinois mis en quarantaine …est- il en état d’ échapper aux serres fragiles qui le retiennent pendant qu ‘ un souffle sec a jauni les feuilles censées le protéger ?
Entre le moment où le brou va être à nu et le noyer entrera dans la mue de sa fin de floraison , son vert aura -il la même couleur d’ âme ?
Quand « on s ‘amuse avec le temps » à Lévie , faut pas cesser de se recycler .
Imiter le brou béant c ‘est même un relatif dilettantisme d’élitiste faisant un clin d’ œil au cœur d’ un petit moineau au milieu d’ un vol allant du centre de la terre vers une autre planète avec une amplitude médiane puisant ses sources et dansant sur les crêtes de l ‘Alta Rocca .
Né dans les eaux vives du milieu du siècle entre les pierres chahutées par les vents, au cœur des noyers, parmi les octobres, surpris dans les reflets d’un ciel photographe pendu aux quatre coins d’ un village oublié par des millions d’étoiles oublieuses de tout ce qui n ‘est pas étincelant, Simonu est allé en soliste humer un peu de la belle humanité dans des sentiers pensés à l’insu des unités temporelles.
Ses amis, que Messiaen appelait les artistes, les oiseaux , peuple chanteur narrateur, ont murmuré un jour un conte de parenté au maître de Aratasca , ce lieu où le temps se retourne , qui le prendra à témoin pour lui dire : tu es un intemporel pris dans le partage d’ une mémoire ardemment articulée entre le jour où tu as ouvert les yeux sur la Zinella et le jour où l’une de ces fieffées rafales d’Archigna, pendant lesquelles tes amis-oiseaux interprètes de la musique pure du ciel ne souffleront mot, car même un sphinx-colibri courant la sauge sait marquer un temps de pause pour un ami …....une sacrée rafale , disais-je mènera ta muse au plus haut de l ‘Alta Rocca .
Alors, Simonu entre vous et moi qui ne nous sommes jamais vus mais qui manipulons les montées et les descentes de l’Arménie et du Monte Cinto un peu comme des enfants de la balle muris au Sud du monde animal, armés de la même chance qu’ une buse avec son œil de buse comme Dieu ne l’ aurait jamais fait, a déjà commencé une histoire vieille de deux mille ans dont le monde chrétien sait que ici et ailleurs communiquent .
Un billet très émouvant
Merci Gyslaine.
Très émouvant et tellement dense que je ne saurais le commenter, je me contente de profiter de ces beaux échanges. Je connaissais ce très beau texte Confucius au jardin des plantes 🙂
C’est à partir de ce texte qu’elle avait gardé secrètement après m’avoir demandé une photo postée sur FB, que nos échanges ont débuté.
Un jour, suivit mon invitation aux « Textes Picasso ».
Elle aimait beaucoup cette vision de ses écrits. 🙂