L’électeur du deuxième tour d’un scrutin devient simple monnaie électorale. On le palpe, on le plie et l’empoche ou plutôt le fait empocher à sa guise.
C’est l’heure de l’entre-deux tours, l’heure des tractations et des règlements de comptes : c’est l’heure de faire payer cash, par un échec si possible, celui ou celle qu’on a dans le nez.
Le cas Royal devient le choix Royal. Tous ceux qui ont œuvré en douce ou à la hussarde pour que Ségolène ne soit pas présidente en 2007 ni secrétaire générale du PS en employant les pires coups tordus, sont aujourd’hui réunis pour saluer sa loyauté envers le président. La guerre est déclarée avec Olivier Falorni fidèle soutien de Hollande. Le candidat UMP Bussereau est écarté de la victoire et appelle ses électeurs à punir la parachutée. Martine et Cécile, toute pimpante ministre de fraîche date, vont se déplacer en Charente pour tenter d’apporter monnaie sonnante et trébuchante dans les urnes dominicales. Les pauvres électeurs, certes pas tous, attendent de savoir dans quelle poche ils devront déposer leur valeur. Le plus dur dans l’affaire, est que les frustrés de naguère acceptent d’être les soutenus d’aujourd’hui. C’est dire si la réussite à l’élection prime sur l’honneur et l’amour propre…
Marine qui devrait plutôt partir à la pêche aux voix est en chasse. Elle a établi sa liste noire pour punir les imprudents qui ont osé maltraiter son parti. Et certains doivent se mordre les lèvres de n’avoir pu tenir leur langue dans leurs jours d’euphorie. C’est le grand chamboule tout. Les boules de chiffon sont prêtes à déferler sur les Nathalie Kosciusko Morizet, Jack Lang, Xavier Bertrand et Cie. Les électeurs préparent leur billet pour enrichir le capital de l’adversaire favorisé.
L’UMP ne sait plus à qui distribuer ses bons points devenus inutiles. Un billet par-ci, un billet par-là sans réelle cohérence. Il faut se souvenir que les histoires d’argent, même lorsqu’il s’agit de monnaie de singe finissent toujours par fâcher. Les billets font des heureux mais aussi des jaloux.
Le pauvre électeur se trouve réduit au rôle de régleur de compte à défaut de pouvoir ouvrir celui qu’il désirait. Peut-être le jour viendra, où prenant conscience de sa valeur, le délivreur de chèque en blanc ira lui-même déposer au guichet le poids de son argent sans être conduit par la main, mettant fin à cette extorsion de fonds.
Alors, dimanche prochain, juste avant d’entendre « A voté », demandez-vous quel est votre degré de liberté dans le geste que vous vous apprêtez à accomplir. Ayez une pensée pour Hervé de Charrette en le parodiant et osant : « Ce n’est pas parce qu’on est des électeurs charnières qu’il faut nous prendre pour des gonds ».
Il est grand temps que la chienlit s’achève, n’est-ce pas mon général ?
Au pays des moutons, les Panurge sont rois !
C’est ben vrrrai tout ça!!!