Dieu a de la chance. Il n’est qu’une question et perpétue le mystère par l’absence de réponse. Il est paradoxe par son omniprésence invisible et muette. Sa chance est bien, d’être partout sans être nulle part. Une forme d’ubiquité impalpable et palpable à la fois; une présence/absence totale. Ainsi, l’homme le voit partout, nulle part, et tel un ventriloque lui donne la voix pour parler à sa place. Alors, il se sent libre. Sur la non réponse, est-il libre ? De quoi ? De ses gènes ? Ses maladies ? Sa condition ? Son environnement ? Ses préjugés ?
Dieu est un point d’interrogation, un trou noir qui absorbe toutes les réponses, ainsi l’homme, en son nom, s’autorise toutes les réponses. Y compris jusqu’à tuer pour lui… Dieu doit-il prendre la parole ? Pas sûr, il doit rester le paradoxe fondamental. Cette non réponse qui induit la réponse à la question. La non réponse qui laisse l’illusion de répondre avec ce goût amer de réponse qui n’en est pas une.
L’homme a placé Dieu à un tel niveau, et de sorte qu’il n’ait ni le temps ni la capacité de le comprendre un jour. Il l’a placé là où doit se situer un Dieu. Il s’est donné une raison de vivre et d’exister. Depuis 2000 ans pas un millimètre n’a été franchi en direction d’un éclaircissement. Dieu est resté opaque, hors du temps, figé mais aussi figé/mobile qui accompagne et habite la vie des hommes. Le vaste paradoxe, le postulat de l’existance.
Alors, devant cet inconfort personnel, je me suis dit et en fait ma raison de vivre : celui qui a intégré la notion de temps ne se préoccupe plus du sens de la vie et se passe de l’idée de Dieu. Je n’ai pas le temps, je ne connais pas mon temps… je vis à mon échelle. Je laisse chacun à sa croyance, je ne juge pas, mes bombes à la gloire de Dieu sont la tolérance, le sourire et la joie de vivre. Mon sens de la morale n’a pas besoin du secours de Dieu.
Bizarre ! Dieu m’accompagne alors que je le laisse de côté car son idée me dépasse. Dieu est chanceux et c’est bien là ma chance !
