L’exercice de lecture que je vous propose aujourd’hui est inhabituel.
Ne vous découragez pas, il en sortira toujours quelque chose.
Et si vous êtes insomniaque, rien de mieux pour trouver le sommeil, il suffit d’entrer profondément en lecture et Morphée ne tardera pas à arriver…
Je lisais « Philosophie pour les nuls » et j’ai voulu partager ce passage avec vous.
Il est l’illustration parfaite qu’on se moque de nous en publiant ce genre d’ouvrage censé être à la portée de tous.
Suivez attentivement, je n’ai pas choisi le passage le plus ardu, ni le plus ténébreux.
Syllogisme.
« Tous les hommes sont mortels.
Or, Socrate est un homme.
Donc Socrate est mortel. »
Jusque-là, rien de tordu c’est logique et on aurait plus de mal avec un sophisme…
Voici l’explication qui suit, largement à la portée de tous :
« Le syllogisme, on le voit, établit un rapport entre deux termes (Socrate et mortel) qui forment le sujet et l’attribut de la conclusion par l’intermédiaire d’un moyen terme (homme), sujet de la majeure et attribut (ou prédicat) de la mineure »
– Jusque-là c’est clair ? Non !
– Un tantinet « noyer le poisson » !
N’abandonnez pas tout de suite, je vous réserve une bonne réponse à la fin.
J’abrège, je fais court :
« La conséquence est un concept de la raison. On ne la confondra pas avec l’effet qui, lui, est un phénomène objectif : ainsi dira-t-on que l’allongement du pénis est l’effet et non la conséquence de son excitation ».
Un scoop pour les amoureux.
J’ajoute, qu’en était-il, alors, du nez de Pinocchio ?
Son allongement suit-il l’effet du mensonge sans être sa conséquence ?
Poursuivons :
« Une déduction peut suivre une longue chaîne de raisons (l’expression est de Descartes) comme dans le fameux sorite du renard. »
Bon, je remarque que vous commencez « à pandiciner » (Pandicinà c’est en corse) et signifie « à bâiller ». Alors je stoppe là avant l’endormissement général et donne mon avis sur ce genre d’ouvrage.
Il ne me semble, le moins du monde, accessible au commun des nuls.
Moins encore aux plus nuls que les nuls comme aux moins nuls de tous les nuls.
Nul n’est censé ignorer la loi, dit-on, mais nul est-il censé savoir philosopher dans les règles de l’art ?
Nul est plutôt perdu entre lard et cochon en lisant ces quelques lignes qui ne sont que le dix millième de l’ouvrage en référence.
Bon courage à ceux qui s’y mettent, mieux vaut avoir quelques années de Sorbonne que nulle Sorbonne si vous souhaitez sortir du camp des nullissimes.
J’ai du mal à croire que l’auteur, philosophe et maître de conférences à l’université de Clermont-Ferrand, ait pu penser un seul instant que son essai est accessible aux nuls.
C’est peut-être une boutade « Philosophie pour les nuls » ?
Quoi ? Mieux vaut boutargue que boutade ?
Vous avez raison !
Voyez, on sort de cet ouvrage complètement déboussolé, nul ne sait plus à quel saint se vouer et s’en va mettre un cierge à la Vierge Marie, la supplier de nous donner un peu de jugeote sans entrer en philosophie.
Nul doute que philosopher avec des nuls n’est que ruine de l’âme, dirait un rabelaisien.
Suggérons donc, à notre cher philosophe, de tenter un autre ouvrage en réduisant la voilure pour s’adresser aux archinuls afin que les nuls se prennent pour de vrais philosophes et déclarent :
– Oui, c’est vrai, c’est la poule qui fait les ofs !
Question : Un philosophe est-il capable de philosopher au ras des pâquerettes pour rendre la discipline accessible à tous ?
– Meuh non ! C’est la vache qui répond, elle broute et adore les pâquerettes, alors par pitié ne les mettez point à ras !
MORALITE: Si vous n’avez toujours rien compris au sortir de ce texte ne vous considérez pas comme extra-nul, songez simplement que philosophes et autres savants n’excelleront jamais dans votre art.
Il ne leur viendra jamais à l’idée de rivaliser avec un funambule illettré !
Surtout s’il voyage à vingt mètres ou plus de hauteur…
Tomber de haut n’est pas leur plaisir favori.
Un tel ouvrage valait bien une sombre dérision, sans doute !
Excellent, on croirait que monsieur de La Fontaine est venu vous glisser la conclusion à l’oreille!
Peut-être que ces titres alléchants « pour les nuls » ne sont pas destinés à nous instruire mais seulement à remplir les caisses de l’éditeur…
C’est ce à quoi je pensais avant de vous lire Almanito.
Ne prenez surtout pas en mauvaise part qu’un nul de mon espèce approuve votre hypothèse.
Je pense en effet que les seuls titres de cette collection qui aborde maints domaines font l’essentiel des ventes. Soit il s’agirait en l’offrant de chatouiller l’orgueil de qui se croit savant tels Bouvard et Pécuchet ou encore Tartarin en lui signifiant d’avoir à apprendre. Plus généreusement il s’agirait par un cadeau d’apaiser qui, disant savoir trop peu, espère savoir plus aisément. Comme on offre un manuel d’horticulture, de bricolage, de méthode Coué, de séduction, de diététique … à qui dit « vouloir s’y mettre ».
Quelle que soit la matière, philosophie, informatique et Cie, c’est du même acabit et toujours plutôt compliqué. 🙂
Serait-ce pour mieux faire ressortir notre « nullité » et garder ainsi la main ?
Même pas 🙂