Doc JPP.

Jean-Paul est un enfant de la Navaggia.
Il est né dans le coin gauche de Piazza di Coddu lorsqu’on pénètre sur la place en débarquant de chez Pilili.

Je me souviens de ses premiers pas dans un orchestre qui donnait ses concerts au fond de son jardin sous les pommiers, je crois. La maison de mes grands-parents était toute proche, j’entendais depuis la fenêtre de la chambre les rythmes endiablés qui s’envolaient de sa batterie.

A côté de sa maison, « a Fidicaghja » un endroit pentu qui menait à Funtanedda, couvert de fougères et de noyers. Les poules des environs en avaient fait leur domaine, c’est là qu’elles grattaient à longueur de journée pour trouver le lombric dodu. Elles s’en gavaient sans doute. Face à sa porte, un cerisier immense sous lequel nous prenions le frais l’été venu et que nous jouions au Tour de France avec des billes en terre cuite, plus tard avec des capsules de bière. Nos cyclistes étaient en métal aux couleurs vives comme on en voit sur les maillots des sprinteurs, des grimpeurs ou des rouleurs contre la montre. Nous nous identifions à Anquetil, Bahamontes ou Poulidor… C’était le temps où Noël du docteur et Jean de la Marangona se chamaillaient, l’un supportait Poulidor et l’autre Anquetil. Ne tenant plus, définitivement convaincu de la supériorité du normand cinq fois vainqueur du Tour de France, Jean lâcha à la face de son ami rival en cyclisme  » A da metta da Sciacciolu à Jim Clark in vittura ! » La comparaison était imagée et amusante. Sciacciolu était un tallanais, presque un sosie de Zanini le clarinettiste de « Tu veux ou tu veux pas ! » qui se déplaçait en rosalie noire, si mes souvenirs sont bons. Il voyageait à une allure de sénateur, Jim Clark était un champion de formule un. Je n’ai jamais oublié cette prise de bec pour clouer celui de l’opposant du moment. Nous nous construisions dans l’humour et l’humour était roi. Un humour qui prendrait des roustes aujourd’hui sur la place publique et dans les médias…

JPP est docteur en arts plastiques confiné dans son abri parisien. J’adore ses rues parisiennes éclairées aux réverbères, je m’y transporte facilement. Je revois mes courtes années Montparnasse toujours vivaces. Des dessins d’un réalisme saisissant à mon humble avis. Je retrouve l’atmosphère de l’univers JPPiste. La densité et la lumière dans l’ombre que je crois caractéristique de notre ami villageois.

Image JPP

Il a le blues, ça lui convient mieux que le bourdon.
Je l’imagine rêvant de sa Navaggia natale cherchant à se libérer du carcan parisien infligé par le confinement. Je sais sa capacité à voyager dans sa tête, il s’envolera facilement hors de sa cage Panamienne comme je le fis un jour, embourbé avec mon chariot sur un quai de la gare Montparnasse. Bousculé, chahuté, ignoré par les passagers pressés de rentrer chez eux, je me suis mêlé à un vol de corbeaux qui se dirigeaient vers le sud.
J’ai débouché à Cirana, avant de survoler la fontaine de Carianonu puis je me suis attardé au-dessus des toits de la Navaggia.
J’ai vu les enfants qui jouaient à Piazza di Coddu, grand-mère qui s’affairait au jardin, grand-père qui rentrait de la forêt, cela a suffit pour me remonter le moral.
Tu connais le chemin désormais.

J’avais envie de t’adresser ces quelques mots de réconfort, écrits non loin de chez toi.
Ici, il fait beau et sans doute te promènes-tu dans la montée de l’ancienne gendarmerie…
A Piazzona e a Surba ne sont plus bien loin. 🙂

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