On dirait que le temps n’est pas le même pour tous.
C’est vrai.
Mon dernier médecin à l’ancienne, par exemple, prenait la tension à la perfection dans les règles de l’art, il prenait son temps et son laps de consultation était parfait.
Je m’étalais sur sa table de repassage, pardon d’auscultation, j’ai du faire un lapsus calami à cause qu’on y passe plus souvent, donc on y repasse… Il s’asseyait à son bureau, partait en méditation en attendant que ça chauffe, je veux dire que le calme soit revenu dans tout le corps. Et, à ce moment seulement, c’était « tensiométrie ». Une vraie prise de tension comme il n’en existe plus.
Ah ! C’était un autre temps, le bon temps.
Un 13/8 c’était un vrai 13/8 pas un 13/8 balancé comme ça aujourd’hui, et encore, il faut tendre l’oreille ou faire répéter sinon vous ressortez de chez le médecin sans savoir si vous êtes tendu ou non…
Le dernier toubib en date, que je voyais pour la première fois, m’a attrapé par le bras, séance tenante. Sans dire un mot, m’a placé le brassard et ajusté le palpeur au bon endroit, heureusement, et puis a fait chauffer la machine sans rien dire.
J’étais debout derrière la porte entr’ouverte, à peine rentré dans le cabinet, chopé à la volée dès son appel.
Rapide celui-là.
Pour lui le temps c’est de l’argent ou alors, il n’avait pas le temps… Vous n’avez pas intérêt à arriver essoufflé sinon vous repartez avec une tension de cheval au galop, passagère mais chevaline tout de même. J’ai fait un sourire et je me suis calmé pour ne pas emballer la machine. J’ai attendu le diagnostic sans parler, je crois que c’est la première fois que je ne pipe mot. L’effet de surprise sans doute.
Il parait que les nouveaux toubibs ont le tensiomètre dans l’œil, d’un simple regard, ils savent si la « fièvre » qui monte est passagère ou non. Ouf !
Pour qu’ils s’inquiètent il faut grimper à vingt ou faire klaxonner l’appareil. Là, ils recommencent et sourient : « Vous avez eu peur hein ! c’est bon, c’est bon ! » Ouf, c’est bon bon pour le moral ! » 🙂
La médecine n’est plus ce qu’elle était. La consultation à pépé c’est fini et parfois vous ressortez plus inquiet qu’en entrant. Mais comme vous réussissez à faire quelques pas sans trébucher, vous vous dites que c’est vraiment bon bon. Il avait raison. Vous oubliez tout jusqu’à la prochaine fois.
Dans quel état va-t-on sortir du confinement ? Avec tous ces excès en riz, en gâteaux et en pâtes, on va se coltiner une de ces pâtologies, carabinée, les anciennes pathologies n’auront plus qu’à se rhabiller.
Des tas de questions nous traversent l’esprit ! Les laboratoires gavés au coronavirus sauront -ils toujours détecter les autres travers sanguins ? Allez savoir, s’ils n’auront pas perdu la main ! Tout va plus vite aujourd’hui, y compris les oublis.
Tension, diabète, obésité, essoufflement, allergies de saison et lombalgies provoquées par un débroussaillement trop impétueux vont nous tomber dru sur la tronche. Paf ! Au suivant ! Il y aura encore plus de suivants qu’avant.
Je vous le dis, il va y avoir des surprises.
Je plaisante, je plaisante ! Je plaisante à moitié.
Ah ! Je vous entends, il a besoin de repos celui-là. Après le confinement, il a intérêt à prendre des vacances. Ça use un confinement.
Saviez vous que « confinement » signifie aussi « emprisonnement », « mise à l’isolement » ?
Ah oui, vous saviez, alors vous savez aussi que l’on ne sort jamais indemne, lorsqu’on sort de prison !
Je me le demande, dans quel état sera le monde au sortir du confinement ?
En très mauvais état sans doute et pas sorti de l’auberge non plus.


Oui, oui, ça boume !