Il arrive, selon la luminosité du moment, qu’une mésange bleue (ou charbonnière) vienne se coller contre un rétroviseur pour s’adonner au jeu de Narcisse. Elle se mire et s’admire sans se lasser ou alors croit-elle être en présence d’un congénère totalement inaccessible. Un oiseau impossible à approcher alors qu’il est tout proche de son bec. Allez savoir ce que pense un petit passereau à tête de linotte ?
Ce matin-là, faute de rétroviseur dans les parages, elle vint se coller contre la vitre de la véranda. Elle inclinait sa tête, se tordait le cou, j’avais l’impression qu’elle soliloquait c’est-à-dire conversait toute seule en échangeant avec son image « vitrale ». Durant ce dialogue improbable, j’eus le temps d’aller chercher mon petit appareil de poche, le plus accessible car il fallait agir vite, et ce fut une tout autre conversation que j’imaginai.

Après quelques petits coups de bec sur la paroi vitrée :
- Alors ?
- Alors quoi ?
- Ben, comment se passe ce confinement ?
- Bof ! Pas mal, pas mal !
- Tu as tout ce qu’il faut ?
- Oui, oui, pour le moment, je ne manque de rien. Comment ça se passe dehors ?
- J’ai remarqué que de nombreux oiseaux reviennent dans les parages. Ce matin, j’ai vu le zizi, le bruant zizi, je veux dire. Il était sur ton figuier mais tu le connais, il ne se mêle pas aux autres, il parle peu et se tient à distance. On a l’impression qu’il craint d’être contaminé par le coronavirus ? Remarque, le zizi est coutumier de ce comportement distant. Le merle est complètement fou en ce moment. J’ignore ce qui se passe, ce qu’il fait, celui tout noir à bec jaune court après un autre moins noir et à bec moins jaune… Et ça chahute ferme !
- C’est la saison des amours, Mémette ! T’as pas remarqué s’ils ont construit un nid dans un buisson ?
- Non, non, je n’ai rien vu et ça a plutôt l’air mouvementé leurs amours ! Et puis, ne m’appelle pas Mémette, j’aime pas ! Mésangette si tu veux !
- Sinon, tu vois des humains dans les chemins ?
- Oh ! Très peu, très peu, on dirait que la planète s’est soudainement dépeuplée. Les arbres fruitiers sont en fleurs, pruniers, pêchers, abricotiers, les cerisiers ne vont pas tarder…
- Qu’est-ce que tu penses du Covid-19 ?
- Du covi quoi ? Tout neuf ?
- Non, non, Covideu ! Disse neuf !
- Ah, il en a dix-neuf ? Je n’en sais rien, ça lui passera !
- Tu crois ?
- Oui, tu sais bien, tout ça, ça va ça vient, ça fait des choses partout… Tu connais pas la chanson ? Liane…
- Ah oui, Liane en folie qui dit que ça te prend partout, par le haut, par le bas et ça fait du bien, hou ! Mais le Covid, s’il te prend partout, tu es cuit, hou !
- Qu’est-ce que tu veux que je te dise, je vire et je vire mais en virologie, je suis nul…
- Tu reviendras me tenir compagnie deux minutes ?
- Si j’y pense. Tu sais, je dois chercher aussi un emplacement pour le nid, le printemps n’attend pas et là je vais avoir du boulot avec les petits à nourrir… Allez ciao !
Pas marrant tout ça, tout ça ! C’est une conversation un peu loufoque mais ça entretient le moral derrière la vitre, je veux dire côté maison. Il suffit d’un peu d’imagination et surtout ne vous souciez pas de savoir si ça tient la route ou pas, si c’est déjanté… On s’en fiche, pourvu qu’on s’amuse quelques minutes…

Portez-vous bien et méfiez-vous du Covid, il est comme le furet, on le croit passé par ici, il repassera par là… Un drôle de zèbre celui-là !





Voilà à quoi passe son temps une mésange bleue qui s’ennuie.
Je crois que la charbonnière est plus sérieuse !
Ces photos sont magnifiques! Chez moi aussi les mésanges bleues viennent, pas farouches pour un sous, se poser sur les rebords de fenêtres…
Bonjour Johan,
Des clichés pris à travers la vitre, pour le rétroviseur, en tirant discrètement le rideau, ce n’était pas possible autrement.
Dès que j’étais démasqué, elle filait.
Merci pour votre visite.
Bonne journée.