Ce sont les poules qui ont été étonnées !

La « Météo » avait annoncé la neige.
Je n’étais pas rassuré car aller jusqu’au poulailler nourrir les poules n’est plus un exercice facile pour les vieux qui vieillissent.
D’ailleurs, un vieux qui vieillit est la risée de la basse-cour.

Ce matin, ce devait être une petite revanche pour moi.
Le terrain était praticable, j’ai donc pu m’aventurer jusqu’au poulailler sans trop de risque de dérapage, synonyme de quelque os brisé ou déboité…
Je savais que les poules allaient être surprises par la blancheur éblouissante du petit matin.
Elles n’ont jamais connu la neige.

D’ordinaire, dès que j’ouvre la petite porte à bascule, elles se bousculent pour sortir avant les autres. C’est à qui arrivera la première au petit déjeuner.

Les deux Harco ont foncé tête baissée mais les autres sont restées coites, bec bé et cou tendu.
La grise était plantée sur le seuil avec une patte relevée, se montrait hésitante.
Elle n’osait plus la poser pour faire un pas de plus.

  • Mais qu’est-ce que c’est que ce paysage tout blanc ?

Elle était perdue et étonnée à la fois comme les lapins d’Alphonse (Daudet) dans Installation.
Lorsqu’elle se décida à sortir, sans doute assoiffée, elle se dirigea vers le point d’eau.
Dans la vieille cocotte-minute qui sert désormais d’abreuvoir, l’eau était figée.
Une couche de glace s’était formée à la surface, impossible de siphonner.

  • Tiens, même l’eau devient dure dans ce pays ! Lança la grise à la cantonade. (C’était la première fois qu’elle voyait ça. Un coup de bec, puis deux, trois.) Eh bien mes belles, il va falloir passer ce truc au marteau piqueur et puis croquer ! Vivement l’eau déshydratée !
  • De l’eau déshydratée ? S’écria la blanche qui attendait juste à côté. Elle est comment l’eau déshydratée ?
  • Ben, on ne la voit pas, elle est livrée en sachets vides.
  • Ah bon ! Et alors, on fait comment pour boire ?
  • Il suffit d’ajouter la quantité d’eau que tu veux pour te désaltérer. (Elle se mit à glousser en masquant son bec avec son aile droite)
  • Ça va pas la tête, toi ! Tu la prends où l’eau pour remplir le sachet.
  • Ben, dans la réserve cachée derrière le poulailler !
  • Mais s’il y a de l’eau dans la réserve, je n’ai pas besoin de réhydrater celle du sachet, je bois directement dans la réserve.

La grise perlée éclata de rire et désignant la Sussex blanche du bout des rémiges s’esclaffa :

– C’est pas possible, tu vois pas que je te fais marcher, hou, houhou, la journée commence bien !

Puis se tournant vers moi, elle me balança :

– Qu’est-ce que tu fais là ? Allez file, va chercher les amandes effilées que tu avais promises à la rousse. T’as plus de tête, décidément !  

Je suis donc retourné à la maison et j’ai lâché une bonne poignée de lamelles d’amandes.
Malgré la neige, les poules sont plus éveillées que moi, pour la revanche, il faudra repasser…

Finalement, la matinée s’annonce ensoleillée, mais on prévoit la pluie dans l’après-midi, ce ne sera pas mieux dans la gadoue…

Forza forsythia !

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