Il n’en a plus pour très longtemps, encore quelques rafales de vent rageur, encore quelques averses furieuses et ce sera fini des couleurs de l’automne.
Les arbres commencent déjà à montrer leur maigreur, un squelette se profile à travers un feuillage qui se déshabille.

Les feuilles sont belles en cette saison et pourtant fatiguées, fragiles, ne tiennent plus qu’à un fil. Le paysage annonce un hiver tout proche, une fumée lascive, parfois bousculée par des rafales en folie s’échappent des chaumières. La lumière du matin s’embrume, tirant un tulle léger sur les quartiers. Deux chevaux tranquilles, la tête basse, les naseaux humant l’herbe presque rase, paissent dans le matin calme. Un feuillage pain d’épice réchauffé par des rayons rieurs hissés entre deux nuages, semble auréoler les équins insouciants. On dirait que l’or, le miel et les épices chaudes se sont mêlés pour tiédir leur petit déjeuner.

Le sol est jonché de feuilles mortes, d’autres virevoltent, tourbillonnent, hésitent, vagabondent puis vont s’endormir sur le sol mouillé. Encore quelques soubresauts sous l’effet d’un souffle, encore quelques papillonnements, encore quelques frissons puis se plaquent, se collent, trempés, chargés d’humidité. C’est fini, c’est là qu’elles serviront d’abri à quelque insecte mystérieux, phytophage, qui sans le savoir apportera sa contribution au compostage profitant à quelques champignons saprophytes. (Qui se nourrissent de matière en décomposition)

Là-bas, voyez-vous le quartier de mon enfance qui se dore aux premiers rayons d’un matin calme ? Les âmes de nos anciens chuchotent encore au-dessus des toits, elles profitent d’un voile léger pour se redire le passé. Les entendez-vous ? Leur souffle qui monte de la Navaggia murmure des vieux souvenirs qui n’en finissent plus de se raconter.
L’automne en catimini est en train de filer…
