Mon automne.

Mon automne n’est pas monotone…

Il a plu toute la semaine, le bassin n’en pouvait plus, régurgitait des flopées d’eau par-dessus ses bords saturés de mousse.

Ce matin, l’automne était devant ma fenêtre. Il avait planté son décor encore endormi juste en face de ma porte et guettait le lever du soleil.

Les premiers rayons furent tardifs car à l’est horizon, des nuages lourds, d’un gris méchant, encapuchonnaient les montagnes. On aurait dit que les nues jouaient avec les rais, les empêchant de filtrer à travers le voile opaque, leur interdisant de braquer ses pleins phares dans les yeux des passants matinaux.

J’attendais la lumière. J’imaginais la colline enrichie de couleurs vives. Les châtaigniers et les frênes endimanchés se préparent à rencontrer l’hiver et sont en tout en beauté, avant le long sommeil, les nouvelles fleurs, les feuilles au vert tendre et les joyeux oiseaux aux charmants gazouillis.

Sans prévenir, comme une belle surprise, ce fut un superbe enchantement. Les rayons impatients, épris de liberté, assaillirent les arbres colorés. Devant moi, le pinceau lumineux retoucha tout de go un tableau majestueux, le soleil se fit impressionniste et posa sous mes yeux la belle toile que voici.

Vous n’avez rien entendu, moi si. En rayonnant sous mon nez, Râ m’a chuchoté : « Tiens, voilà ton automne, rien que pour toi ! Je l’ai posé devant ta fenêtre, tu verras, il sera changeant ! »

C’est une belle image pour quelques jours encore.
Bientôt, le brouillard montera de la vallée, ma maison sera isolée, perdue tout au long de l’hiver dans un épais coton bruineux. Je n’hibernerai point, je goûterai les nouveaux émois de saison. D’autres charmants émois… Et moi… et moi… et moi.

Quoi ? Vous avez dit un banal automne ?

C’est mon automne à moi ! Na !

On vieillit, on vieillit… Je reste un éternel enfant.

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