Les « maîtresses » s’envolent un jour…

Elle était d’une douceur infinie. Une enseignante née pour être maîtresse de maternelle. Sur l’image, toujours souriante, vous la reconnaîtrez facilement.

Son sourire permanent rassurait les plus pleurnichards d’entre nous qui ne savions pas encore ce qu’était l’école. Nous avions l’impression d’être arrachés à notre famille, à nos habitudes, à notre confort oisif. Voilà pourquoi, je m’étais réfugié dans les bras de Catherine qui la secondait dans la cour de l’école (voir la photo). Déjà épouvanté de me trouver extirpé de la Navaggia, le photographe ne me rassurait pas davantage. C’étaient les premiers jours.

Catherine me disait souvent, car je n’ai pas le souvenir total de mes quatre ans : Cette dame était douce et d’une patience infinie. Elle savait rassurer les parents qui lui faisaient totale confiance. C’était le temps de l’école joyeuse.
Elle nous surprenait sans cesse avec sa facilité pour les arts plastiques. Très inventive, toujours renouvelée, elle nous faisait voir la vie en couleur. Emerveillés, étonnés de découvrir nos dons cachés de colleurs, de dessinateurs ou de sculpteurs de pâte à modeler. Avec son art d’être pédagogue, nous exhibions nos dessins mal gribouillés mais fleuris de rouge, de jaune et de bleu, elle nous donnait l’impression d’être des Picasso en herbe. Certes nous étions loin de savoir qui était cet artiste mais quelques graines se révélaient en nous.

Avec ses contes, ses dialogues bien ciblés sur les plus faibles, elle installait les bonnes structures dans notre langage brouillon. Elle tirait de nos babils maladroits, souvent incompréhensibles, quelques petites phrases bien dites, proprettes, afin que s’impriment, progressivement dans notre cerveau, les bonnes expressions d’un langage simple et structuré.  

Je me souviens de ses couleurs, de l’odeur de la pâte à modeler, de l’insouciance qui s’était installée très vite, de cette tranquillité qui permet au jeune enfant de progresser sereinement.

Nous gardons tous l’image d’une enseignante, d’un enseignant, j’ai retenu son sourire et sa douceur rassurants. Je suis sûr qu’elle possédait le sens pédagogique, ce terreau nécessaire qui fait germer les jeunes enfants de maternelle.

C’était une fée en couleur.

Elle a terminé sa vie dans la maison de retraite de Lévie.

Je vous salue Madame Serra vous avez bien guidé mes premiers pas et ceux de ces enfants, innombrables, qui ont eu la chance de vous côtoyer.

Il ne m’appartient pas de parler de l’au-delà, peut-être est-ce une autre histoire…

La nôtre était belle.

La photo en début de chapitre témoigne d’une autre belle histoire. J’ai terminé ma carrière dans cette école, échoué là, de manière totalement fortuite. J’ai retrouvé, au même poste, Catherine qui me tenait dans ses bras à la maternelle. Nous sommes partis à la retraite en même temps.  Les choses de la vie vous dis-je !

L’église de Lévie, le jour de ses obsèques.

1 Comments

  1. Bel hommage pour quelqu’un qui le méritait.
    Je profite de ton blog pour avoir une pensée pour Mme Beretti, elle aussi institutrice de notre enfance , qui nous a quitté il y a quelques jours à l’âge de 101 ans.
    R.I.P pour toutes les deux

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