L’après-midi fut très agitée avec l’évasion inopinée des poules. Nous avons bataillé pendant quatre heures pour rapatrier la basse-cour dans son enclos. Les dix-huit heures déjà largement passées, le moment de souffler un peu s’imposait. Grand-père Simonu n’est plus d’une prime jeunesse et courir après les poules, je veux dire les gélines, par ravins, par monts et par vaux, façon marathon, n’est plus de son âge. Il s’en est bien sorti le bougre qui ronchonne tout le temps…
Nous étions à la Zinella en train d’évoquer nos exploits du jour, il était temps de penser au repas du soir.
François, s’occupait du cocktail, un mélange inédit pour moi, hautement apprécié. Des glaçons, une rondelle de citron vert, une bonne dose de Cap Corse blanc, le verre complété de muscat pétillant également de chez nous. Une très bonne surprise, je ne connaissais pas ce mélange. Il avait préparé des toasts à la mousse d’ail pimentée, Oh ! Que c’était divin !
J’ai filé en cuisine en me souvenant que j’avais repéré une recette sympathique sur la page Facebook d’une italienne. Avec cette tarte également inédite pour moi, ce fut un autre régal. Je fonctionne à la mémoire et à l’intuition, j’évite de m’encombrer d’une recette lue pendant son exécution.
Voici ce que j’avais retenu : 3 œufs, une boîte de thon à l’huile (surtout pas au naturel), deux cents grammes environ, pas moins, une briquette de crème fraîche (20 cl), quatre à cinq caïeux d’ail écrasés, deux à trois grosses poignées de Comté râpé, vous salez et poivrez. Vous garnissez une pâte feuilletée de cette mixture et vous terminez le décor avec des tranches fines de tomates. Pour la beauté du geste et du goût aussi, vous imitez une pluie d’estragon sec et ciselé qui descend de vos doigts placés au-dessus du montage, en guise de nuages. Enfournez (180 à 200 °C, de 25 à 30 mn) en vérifiant la cuisson avec la lame d’un couteau qui doit ressortir sans humidité. Vous m’en direz des nouvelles ! Ce fut une autre belle découverte.
Finalement, quand on est pressé, on ne s’embarrasse pas trop de questions superflues, on y va et puis voilà…
Pour mettre un peu de joie dans ces moments de relâche après l’émotion, il n’est point besoin d’aller s’éclater en boite, il suffit d’attraper quelques mots simples, de les « requincler » d’un petit peu de folie, de s’imaginer au bord de l’eau d’une rivière en évitant la plage, de s’émouvoir devant une banalité, de chanter la vie sans trop se forcer, de fermer les yeux pour déguster chaque bouchée, de sourire à ceux qui vous entourent, d’être touchant par simple attitude naturelle… Vous verrez, avec ces petits ingrédients, il est facile d’atteindre le pays des merveilles, des petites merveilles du moins !
Les petites merveilles c’est suffisant, cela laisse beaucoup de place pour atteindre la marche suivante et viser l’escalade tranquille. Ne foncez pas dans l’escalier en montant les marches quatre à quatre vous risquez de vous rater.
Non ! Pianu, pianu ! Un crescendo adagio, adagio, une sorte de Boléro qui prend son temps avant de s’élever au-dessus des nuages.
Une simple tarte montée puis cuite avec plaisir devient un festin.
Oh ! Que j’aime cette vie ! Je crois que je vais mourir heureux.
Chi piccatu ! Quel dommage ! 😉