Le bonheur est autour de la table…

familiale.

Aujourd’hui nous étions tous réunis à la Zinella. J’étais très ému. Totalement aux larmes sans pouvoir réfréner mon émotion. Annie m’a regardé et m’a frotté le dos en penchant la tête en signe d’adhésion et sans dire un mot.

J’ai essuyé mes larmes puis sans prévenir personne, je suis allé prendre mon appareil de poche pour saisir ces moments qui vous chavirent, qui vous font fondre et aimer profondément les intants d’une famille réunie. Cela faisait deux ans que nous n’étions tous ensemble.

J’avais l’impression de revivre les repas de naguère à la Navaggia. Grand-mère entamait le prisuttu, la coppa et le saucisson, faisait la salade de tomates du jardin avec les oignons rouges. Je vous assure que c’était pareil, sans rien calculer, ce fut le même rituel pour la famille qui se retrouvait au mois d’août, juste avant la Saint Laurent. Je ne l’ai pas fait exprès, je n’ai rien calculé.

Hier soir, Margault et Fanchon sont restées un bon moment dans la nuit à scruter le ciel, à guetter les étoiles filantes. Les grenouilles dont le chant engendre procès intenté par des citadins devenus fous, croyant qu’à la campagne, on est seul au monde, coassaient à tue-tête pour mieux enchanter leurs rêves. Elles sont allées se coucher très tard, elles paraissaient rêveuses d’avoir découvert l’univers étoilé qui enveloppe l’Aratasca. La voute céleste leur semblait merveilleuse, elles faisaient le plein d’ici sans le savoir. Plus tard, elles s’en souviendront.  

Ce matin, nous attendions les cousines et la grande sœur. Les préparatifs furent laborieux. Depuis six heures trente du matin, j’étais aux fourneaux sans savoir si je parviendrai à tout boucler. Très tôt j’ai nettoyé le poulailler, j’ai récolté concombres et tomates pour la salade de midi. Bref, je n’ai point chômé, mijotant même une soupe au pistou que je servirai froide ce soir avant les grillades…

Je regardais mon monde, les yeux embués. Personne ne se doutait de rien ou alors ils faisaient semblant de ne pas voir. Je savourais comme dit mon ami Gaëtan, beaucoup d’émotion me submergeait, trop peut-être.

Francesca est restée au frais.

Après le repas, nous sommes allés nourrir les poules et ramasser les œufs. Anna Livia, la préposée à la récolte du jour, me fit signe avec son index et son pouce cerclés : « zéro ». Le pondoir était vide. C’était la première fois depuis leur arrivée chez nous. Je réalisai instantanément que j’avais oublié d’ouvrir la porte du poulailler ce matin. En nettoyant l’intérieur, je la ferme toujours pour tirer le réceptacle à fientes, l’entrée était demeurée close. Les poules ont toqué longtemps à coups de bec, l’huis est resté clos, aucun sésame ne fonctionne lorsque le loquet est tiré. Nous avons cherché, elles avaient pondu sous le dortoir. Par chance j’ai construit mon poulailler sur pilotis, les gélines n’ont pas cherché trop longtemps pour déposer le don du jour. Le vide sanitaire est aéré, bien ventilé, elles ont dû apprécier cette ponte aux quatre vents hors du nid coutumier, se fichant de savoir s’il s’agit de zéphyr, alizé, ponant ou légère tramontane.

Il y a des jours heureux…

1 Comments

  1. Pour croire durablement que la paix, la confiance et le bonheur sont possibles sans artifices, il faut les vivre.
    Reste à créer les situations propres à les générer.
    Je crois que bien des gestes du quotidien sont appropriés pour le faire.
    La préparation des repas, les menus travaux en commun suffisent à cela.
    L’intimité avec les choses et êtres de la nature ancrera le tout.
    Saupoudrez largement l’ensemble de bienveillance.
    Savourez, c’est très long en bouche.

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