Une vie tarabisoulesque.

– Tarabisoulesque ? Qu’ouïs-je ?
– Oui, c’est cela ! Tarabisoulesque !

J’avais un ami de pétanque beaucoup plus âgé que moi, peintre en bâtiment de son état, sobriqué Ripolin (Antoine Bartoli alias Ripolin). Vous ne voyez pas le rapport ? Je m’en doute.

C’était un gars joyeux. Après le travail que j’imagine pénible, il n’avait qu’une hâte, celle de décompresser sur le terrain de pétanque. Sur la place de l’église ou dans la cour de l’école, il allait assouvir son plaisir de pétanqueur. Quelle joie de le voir arriver avec le sourire et plein d’idées loufoques qu’il avait emmagasinées durant ses coups de pinceaux et ses passages croisés de rouleau. Il avait un langage bien personnel. Un langage hors de chemin, hors des sentiers battus. Il inventait des mots pour colorer ses phrases d’un pittoresque langagier toujours surprenant. Point besoin de dictionnaire pour décoder ses vocables fleuris qui animaient sa communication imagée. Cela tombait sous les sens, le contexte était son meilleur allié.

Aujourd’hui donc, pensant à lui incidemment, le mot « tarabisoulesque » est sorti sans effort, il me l’a probablement soufflé. Certes, son sens n’est guère évident d’emblée, normal, il n’y a pas de contexte. Attendez encore un peu.

Tarabisoulesque ressemble beaucoup aux mots qu’il inventait, et signifie dans mon esprit et celui de Ripolin : compliqué(e). Une vie compliquée, tarabiscotée qui nous échappe, nous file entre les doigts comme une anguille impossible à saisir tant le gluant de sa peau est glissant. On a beau faire ce que l’on veut, il y a toujours quelque chose qui nous échappe.

Inventez une démocratie et vous aurez tous les ingrédients nécessaires à une tarabisoule qui viendra vous empoisonner la vie. Les effets pervers naissent en même temps que les lois et les inventions que l’on concocte pour un mieux-être, croit-on. Ça ne finit jamais. On peaufine, on cherche, on invente, rien n’y fait, la vie ne s’accommode pas de nos désirs. Elle ressemble beaucoup à une anguille qui ondoie, se tortille et se glisse dans les moindres petits espaces insondés, laissés libres. On dirait, comme la nature, que la vie a horreur du moindre espace laissé vacant.

La tarabisoule c’est l’essence de la vie. Sa partie vivante qui échappe à la volonté des humains, son côté insaisissable, imprévisible. C’est la part imprévue qui transpire du nouveau, qui suinte de chaque poussée nouvelle. S’exercer à débusquer une tarabisoule à venir est peine perdue, il en sortira toujours une autre que vous n’aurez pas anticipée.
Une vie tarabisoulesque écrivais-je en tête de chapitre, j’aurais dû titrer « La vie est tarabisoulesque ». Toutes les vies sont ainsi, la vôtre, la mienne et celle des autres. A chacun sa perception de la tarabisoule, légère ou pesante, plus ou moins gênante, enquiquinante ou simplement loufoque au point de vous amuser ou vous décrocher un sourire.

Ne cherchez pas trop à comprendre, vous vous enfonceriez dans les tarabisoules comme dans des sables mouvants ou du moins dans un bourbier. Difficile d’en sortir. Il ne faut pas la chercher. La tarabisoule se présente toute seule. Elle se révèle au moment d’un agacement, c’est alors qu’elle vous fait des guilis-guilis pour que vous en preniez conscience…

Elisez un Macron et vous vous compliquez la vie. Un anti-Macron, un Macron et demi, un « moins-Macron que moi tu meures », c’est pareil. Quelqu’un qui shoote du droit, tel autre plutôt gaucher et un Bayrou bien campé dans le centre avec ses légers débordements à droite ou à gauche, c’est kif-kif.

On n’en sortira pas, vous dis-je ! Elle est libre la vie, comme l’air, elle voyage à sa guise, file où elle veut, c’est son côté tarabisoulesque insaisissable.

Le plus important, l’essentiel c’est de naviguer sur la tarabisoule sans se tricoster les méninges, sans se transtruchicoter le système… Vous voyez bien, la vie c’est beau comme un mauvais jour ! C’est une biscote. Crac ! Elle se fristule entre les doigts.

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Alors, soyez délicat et laissez-vous aller à la tarabisoulesque comme la vie, c’est la meilleure façon de vivre.

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