…pour aller plus haut.
Je suis loin d’être un fin politologue mais je sais écouter et surtout voir. Rien n’a changé. Rien. Faire la politique autrement, ça n’existe pas. On peut le crier sur les toits de l’électorat, tant qu’on peut, ce n’est qu’illusion, prêche pour sa paroisse et rien d’autre. C’est raté.
Au cours de son meeting de campagne pour les européennes, Madame Nathalie Loiseau (Pourquoi elle ? C’est une nouvelle, son parti est nouveau, les autres on les connait) tête de liste LREM pointait du doigt ceux qui font de la politique spectacle. Elle avait déjà oublié que lors d’un débat télévisé récent, elle concluait son émission en affirmant que celle qui lui était opposée ce soir-là l’avait convaincue de mener la liste des Républicains en Marche. C’était sa trouvaille. Quelle révélation, rendez-vous compte ! N’était-ce pas un effet théâtral comme ceux qu’elle dénonce, à défaut de cinéma ? Tout le monde savait que tout était décidé bien avant ce débat, qu’elle avait été coachée pour être à la hauteur devant les téléspectateurs. N’est-ce pas faire de la politique spectacle comme tout le monde ? La langue de bois et les effets théâtraux sont inévitables dans le contexte politique. Que vous soyez en marche, assis ou au pas de course vous n’y échapperez guère. Si j’ai choisi de parler de cet aspect du discours et non du fond, c’est que la forme est bien plus révélatrice du degré de sincérité des personnages. Vous pouvez annoncer ce que vous voulez, ramage et plumage sont désaccordés, souvent. Le jeu trahit la chandelle et ne vaut lumignon.
Alors, je fais comme l’oiseau. L’autre, le vrai, le cuicui, je vis d’idées fraîches et d’air pur. J’étais aux poules. Je regardais Anna Livia, sur le départ, venue s’empiffrer de vraie vie, se gaver des choses de la campagne. Elle était heureuse. Accroupie, avec son œuf tout chaud dans la main, à peine récolté, elle remerciait les poulettes. Autour d’elle, les jeunes gélines étaient insouciantes, bien plus affairées à picorer qu’à songer aux lendemains qui déchantent. Elles n’ont pas le souci du scrutin, elles grattent et elles « cot-cot-codèquent » si vous les importunez une demi-seconde. Sous le figuier encore tout nu et qui promet belle récolte si j’en juge par les bourgeons abondants prêts à éclore, la basse-cour vivait paisiblement. Neige, la préférée de Nana s’était approchée d’elle faisant mine de picorer sa chaussure. On aurait dit qu’elle avait compris que la fillette repartait chez elle et venait la saluer. Vous savez, lorsqu’on est libre, on pense ce qu’on veut. On imagine ce qui fait plaisir. L’approximatif, le fallacieux, le vrai, le faux, on s’en fiche pourvu qu’il y ait une once de plaisir, un brin de bonheur au bout de l’histoire. On se soucie peu du reste car cela n’engage que soi.
Quelques minutes plus tard, ma petite fille semblait absorbée par un bout de sarment de vigne, un reste de taille. Elle avançait prudemment, le regard fixé sur la branchette. A-t-elle vu une araignée ? Non, elle feutrait ses pas en espérant ramener la coccinelle jusqu’à la maison. La bête à bon dieu ravie de se faire transporter comme dans un tramway, ne broncha point, toute heureuse, en promenade improvisée. En quelques pas devenus plus pressés, elle s’est retrouvée en gare au terminus. Là, devant la porte d’entrée, juste une petite leçon de chose, une observation rapide, quelques balancements soutenus du bâton et hop ! Voilà la petite rouge à point noirs envolée comme un oiseau pour aller plus loin mais non plus haut.
Un jour, tous ces gens qui ont fait le tour de France pour exécuter leur numéro, baissent les yeux et découvrent que dans les brins d’herbe à leurs pieds, tout un monde fourmille. Intriguée, la mante religieuse penche la tête, énigmatique, la cicadelle est immobile et semble prier aussi en silence… Vous connaissez la cicadelle ? Non ? Vous avez tort ! c’est pas beau une cicadelle mais ça vit…
Evidemment, avec mes idées, on ne va pas bien loin en société mais cela me suffit amplement. Je suis une exception, le monde roulera sans moi. Débrouillez-vous, le jour du scrutin arrive à grands pas.
Après les européennes viendront les autres désillusions. Echaudé de longue date, je ne crains plus l’eau froide.
Friandise se contente d’un bout de pain sec.
La coccinelle arrive au terminus.
Voilà une larve de cicadelle écumeuse, elle vit dans une sorte de bave protectrice.
Adulte, moins jolie, souvent grise, la cicadelle plante son rostre dans une tige et pompe le sève. (Cliquez sur les images)