Au ras des pâquerettes.

La vilaine expression !

Chacun sait que se situer au ras des pâquerettes signifie être médiocre, de très bas étage. Pourtant, en se postant au ras des cousines des marguerites, on peut faire de belles images. On y voit les choses autrement et pas forcément de manière médiocre.

Il m’arrive souvent, au printemps, de me mettre à plat ventre dans l’herbe pour être au niveau des premières fleurs blanches à cœur jaune. C’est comme si vous vous baissiez au niveau d’un enfant pur lui tirer le portrait au lieu de l’écraser en plongée. Ce que font de nombreuses personnes qui préfèrent rester à la hauteur. Leur cliché ne l’est souvent pas du tout car cela donne au modèle un air de dominé, obligé de lever le regard comme pour implorer le photographe de ne point l’aplatir.

Le plus difficile pour moi est de me relever, alors je préfère m’accouder à un talus de ma hauteur pour avoir le regard rasant. Le gouet, aussi appelé capuchon de moine, se prête bien à cette perspective et à cet exercice. On a l’impression de le voir dans un cloître, tête basse en train de méditer ou de s’affairer à une tâche en faisant silence. On y devine des vieux bénédictins à la capuche défraîchie et des beaucoup plus jeunes bien verts. Des pimpants et fringants capucins en pyjama vert, strié de vert plus soutenu ou de brun léger. Parfois on les confondrait avec des bagnards affectés aux champs. Ils n’ont pas trop l’air de trimer, ils sont plutôt statiques et semblent tournés vers le même point cardinal. Peut-être cherchent-ils le soleil ou simplement un peu plus de lumière, allez savoir ce qu’il y a dans la tête d’un moine taiseux qui psalmodie ou récite un psaume sans vous adresser le moindre regard. Quelques fois, on imagine qu’ils fument un long havane en cachette, à moins que ce ne soit leur nez qui s’allonge vers le sol à force de rester tête basse à méditer. Vous voyez comme c’est fécond pour l’imagination, le ras des pâquerettes ?

Le trèfle aussi, aime bien ramper. Lorsqu’on se baisse à son niveau pour le photographier, on découvre son inflorescence. On dirait que chaque composante de cette fleur a été ciselée puis décorée par un artiste. Regardez, ces couleurs et ces dessins, cette finesse, l’aviez-vous imaginée ainsi cette fleur de trèfle avant de vous placer au ras de l’herbe ? Avouez que c’est une belle découverte !

Et cette mante religieuse qui croyait passer inaperçue en total mimétisme avec son milieu ambiant. C’était un matin très tôt avant le lever du soleil, étonnée de me voir si matinal en chasseur d’images alors qu’elle se postait à l’affut pour un repas presque auroral.  Comment aurais-je pu lui tirer ce portrait si je ne m’étais placé face à face en posant carrément le Kodak parterre ?

Des images prises au ras du sol, j’en ai une quantité importante. Celles-ci devraient suffire à vous convaincre que l’expression de départ mérite une autre assertion. Quoi de plus joli lorsqu’on sait se placer au ras des pâquerettes ? Et quelles trouvailles !

Moralité : Celui qui se situe au ras des pâquerettes a sans doute des trésors cachés ? Faisons lui conversation au lieu de l’écraser, il sait probablement des choses que d’autres ignorent.

 

 

Gouet en automne.

 

 

Capuchon de moine au printemps.

 

 

 

 

T’es encore là, toi ?

 

 

 

 

Champignon qui fait sa pâquerette.

 

 

 

 

 

 

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