Loin de la Zinella.

A chacun son paradis.
Il existe bien des Eden sur terre et le dépaysement est salutaire en visitant le jardin des autres.

En ce début d’automne, le temps, encore estival, était splendide. Le soleil brisait sa lumière en une myriade de petits éclats brillants qui explosaient à la surface de la mer légèrement agitée. Les plages désertées par le gros des vacanciers se dessinaient au loin seulement parcourues par quelques fourmis qui couraient sur le sable après la baignade.

L’endroit semblait magique. Les figuiers de barbarie et les différents cactus encadraient les flots frissonnants. Entre mer et terre, un restaurant se fondait dans le paysage, tant en voiles suggérées, en bois flotté et bambous, qu’en construction ancienne qui semblait sortie du maquis tout proche. A flanc de rochers, sous la surveillance d’un grand rapace méconnaissable d’ici, des bâtisses apparaissaient en totale dysharmonie avec l’environnement naturel. Le roc, la végétation sauvage et le ciment se tireraient la langue sans que l’un parvienne à chasser l’autre, condamnés à vivre côte à côte leur incompatibilité d’humeur.

Sur une crête légèrement surélevée de l’onde, les gens d’en haut avaient posé leur demeure comme un aigle construit son aire pour dominer le monde. La vieille tour, à bout d’âge, surveillait distraitement le large d’un œil très fatigué.

 

 

Un peu à l’écart, un grand olivier, plus grand que l’ordinaire, s’était acoquiné avec une ipomée bien trop volubile en visant les sommets pour trouver une terrasse à sa convenance. Bien installée au balcon, tournée vers la mer, ses fleurs en trompette claironnaient leur bleu devenu violine à force de s’égosiller d’un appel aphone. L’arbre s’était accommodé de cette présence et semblait même parader comme un militaire affiche ses médailles le jour du quatorze juillet. Ses feuilles froufroutaient sous les bouffées d’un vent léger pour attirer le regard du passant innocent. Ainsi, l’olivier, par moments facétieux, laissait croire qu’il était en pleine floraison.

C’était un autre monde, différent du mien à quelques cinquante kilomètres seulement de distance. Je passais là pour la première fois.

J’ai quitté ma montagne pour visiter la mer, elle m’a chanté sa chanson. Je n’ai point goûté sa pomme pour rester fidèle à ma Zinella.
Le paradis est un rêve et chacun rêve son paradis.

La suite en images. (Cliquez sur les photos)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le rapace passe et repasse d’un vol silencieux, ressasse l’incompatibilité d’humeur.

 

 

 

 

 

 

 

La tour fatiguée…

 

 

 

 

 

En voiles suggérées, bois flotté et bambous…

 

 

 

 

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