Les deux, selon l’humeur du jour mais le plus souvent blagueur. Un blogueur, généralement, tient une tribune sérieuse en dénonçant des choses ou en affichant sa vérité sur un fait d’actualité. Cela m’arrive, mais pas très souvent puisque je nage, le plus clair de mon temps, dans le second degré ou la dérision sans en donner l’impression aux yeux de certains. Disons que je suis un blogueur blagueur sur les choses de la vie. Toutes ces petites choses qui n’ont l’air de rien et font un monde.
Si je devais choisir une image, je prendrai celle de la cicadelle. Un insecte que l’on voit rarement et qui surprend par ses sauts soudains et secs. Gare au globe oculaire lorsqu’elle le tamponne en bondissant… Une bestiole toute bête qui semble ne servir à rien puisqu’elle passe son temps à sucer la sève des plantes complaisantes et n’apporte, apparemment, aucune utilité. Heureusement, il en existe en couleur bien plus jolies à regarder que cette grise au buste de taureau, que j’ai débusquée par hasard. Il faut vraiment avoir l’œil pour tomber dessus. Je crois que je me suis embrouillé en choisissant la cicadelle pour évoquer mon jardin des choses de la vie. Tant pis, c’est l’occasion de vous parler de cette curiosité de la nature. Sa larve se développe dans les « crachats de coucou » cette bave moussante que l’on voit sur certaines plantes au printemps. On l’appelle la cicadelle écumeuse. Je viens de vous donner un petit aperçu de mon côté blagueur et gambadeur. Je verse facilement dans la digression, en douce. Comme un cabri sur un coteau recouvert d’herbe fraîche au printemps, qui saute dans tous les sens, goutant ici, la pâquerette, là, le trèfle naissant puis cabriole sur la pente, allant et rebondissant dans des mouvements qui paraissent hautement insensés, alors qu’il jubile et célèbre la vie.
Blogueur.
Depuis quelques temps déjà, je ne supporte plus les pubs avec des célébrités. Lorsque je vois Antoine Griezmann se raser en faisant force mimiques pour contorsionner son visage, je le trouve d’une bêtise et d’une tristesse à mourir. Ce n’est pas de sa faute, dit-on. On doit lui imposer ces mimiques et lui accepte pour quelques dollars de trop. Esquisser un sourire dans ces moments-là me semble indécent. Il n’est pourtant pas dans le besoin pour s’adonner à de telles pitreries. L’argent n’a pas d’odeur mais un fort attrait pour viser quelques euros sonnants et trébuchants de plus. Ronaldo, les joueurs du PSG et autres millionnaires seraient mieux inspirés de laisser quelques miettes aux autres. Ont-ils besoin de ce pécule supplémentaire ? Il parait que c’est bien payé, alors les publicitaires feraient œuvre charitable en choisissant les intermittents du spectacle pour cet exercice. Les séquences ne perdraient rien au change, les comédiens en attente sont capables de réaliser de jolis bijoux. La notoriété fait vendre mais si on généralise ce procédé, l’effet « vedette » s’estompera, le public s’adapte à tout. Il existe tout de même un effet pervers. Lorsque c’est bien ficelé, on se prend au jeu du sketch et on finit par oublier le produit, cela arrive parfois. Avec les footballeurs et autres célébrités, aucun risque, le produit est bien visible. Ils « guignolent » autour. Sommes-nous aussi bêtes pour mordre à l’hameçon ? Il parait que ça marche, pauvres de nous !
Blagueur.
Il me semble vous avoir raconté l’histoire du pou. Je ne l’ai pas retrouvée, alors pour les nouveaux lecteurs, je vais essayer de me souvenir de cette anecdote complètement loufoque. Vous imaginez facilement qu’au fil des récits, un coup toi, un coup moi, on finit toujours par s’éloigner de la version originale. Voici ce dont je me souviens.
C’était dans les années cinquante, plutôt vers la fin. Les poux sévissaient dans les quartiers. A part le peigne fin pour décrocher les lentes et la méthode chimpanzé pour l’épouillage, il n’y avait point d’autre remède. Cette épidémie récidivante donna quelques idées à un homme du village qui devait aller à la ville acheter costume et chaussures. Les voitures n’encombraient pas les rues, il fallait prendre un taxi.
A l’époque, il existait quelques décharges publiques dans lesquelles on trouvait des fioles à pipettes pour le rhume, en quantité importante. L’homme inspiré en récolta une bonne dizaine, les lava, ôta l’étiquette puis les remplit d’eau. Dans d’autres versions, on parle même d’urine. La veille de son départ à la ville, il fit le tour des quartiers :
– Demain, je vais à Porto-Vecchio, il parait qu’il y a un remède radical pour les poux. Si vous m’avancez l’argent, je vous rapporte le médicament.
De nombreuses personnes exaspérées par la gratte, pleins d’espoir, furent intéressées par la proposition et avancèrent l’argent. Notre ami avait récolté de quoi payer le taxi et une bonne partie de ses courses. A son retour, il se rendit chez les gens pour donner les flacons. Arrivé chez un petit vieux, il entendit :
– Il n’y a pas de notice à ce truc ?
– Non, c’est simple, facile à utiliser avec le compte-gouttes.
– Oui, mais comment on fait ?
– Ben, quand tu sens le pou bouger, tu l’attrapes entre deux doigts, tu présentes la pipette au-dessus et tu attends. Tu surveilles bien, dès qu’il ouvre la bouche, tac ! Tu lâches une goutte et tu patientes un peu. Tu verras, c’est radical, en quelques secondes, il est cuit, mortu pà sempri ! (Mort pour toujours !)
– Mais c’est pas possible ! Pourquoi tu ne l’as pas dit avant ?
– Et pourquoi ?
– Pourquoi ? Parce si je l’ai entre deux doigts, je l’écrase entre deux ongles, je n’ai pas besoin de tes gouttes !
Blogueur, blagueur, c’est la même famille, ça raconte la vie en long, en large et même de travers…
Crachat de coucou ou de crapaud, écume printanière.
Exsudat de sève insufflée d’air par les larves piqueuses qui vivent ainsi à l’abri. (Cliquez sur les photos)
Ici, on voit la larve de cicadelle.
Rien à voir avec le sujet ?
Avec le temps tout s’en va…