Chronique d’un jour ordinaire.
Mais le futur laborieux.
L’été tire à sa fin, l’année au jardin a été catastrophique. Rien, parmi les solanacées, les tomates surtout, hormis les pommes de terre à la fin du printemps, n’a souri à l’an 2018. Le débroussaillement fut multiple aussi. D’ordinaire, deux passages suffisent, le dernier après le regain. Cette année le regain n’en finissait plus de « regainer » encore et encore. Cinq fois, je suis retourné à l’ouvrage sans grande satisfaction finalement, puisque l’herbe dopée à je ne sais quelle vitamine et à l’eau pluviale a eu le dernier mot. Enfin, elle se calme et j’ai pu songer à l’avenir sans trop me décourager. Bien au contraire, ce fut mon regain d’espoir.
Je regardais mon jardin en pente vive et rêvais de le dompter, de le rendre plus accessible et peut-être plus fécond. Hélas, les années s’empilent et ne l’entendent pas de cette oreille. Hier c’était mon anniversaire, je suis né un quatre septembre d’une année ancienne qui devient très ancienne. Un an supplémentaire m’annonçait que je filais vers une autre année encore plus pesante. Alors, pour me croire un peu jeune, je me suis senti pousser des envies. Des envies de piocher. N’ai-je rien fait d’autre que piocher ?…
En voyant les gros rochers, bien lourds et bien plantés, j’imaginais que la tache devenait impossible. Comment les bouger et surtout les déplacer. C’était sans compter avec mon ami Louis toujours prêt à me faire entendre que rien n’est perdu d’avance. Avec sa carcasse de vieux baroudeur qui a transporté tonnes et tonnes de pierres, ce fut chose presque facile. Le plus gros du travail est fait, la pioche va être possible.
A midi, nous étions à la Zinella. Avant de nous sustenter, nous avons actionné la pompe à bonheur. Ces verres remplis de réconfortant rosé ou blanc, selon les préférences, qui file dans le gosier avant d’enchanter les neurones. Il faisait très chaud, plus de 35°C au thermomètre en plein soleil, qui parait-il se met à l’ombre. Râ s’en fiche, il tourne inlassablement et cherche à brouiller les bonnes intentions. Heureusement, une gentille fée qui habite la vallée d’Archigna, s’est mise à danser sur nos épaules, à caresser nos joues d’un souffle léger presque frais. Elle ne fila point inaperçue, elle s’attarda. Nous la saluâmes les yeux fermés et le sourire affiché. Dame brise tempérée passa et repassa, insistant et faisant presque du surplace. On aurait dit qu’elle se plaisait à nous faire la barbe en soufflant sur le visage. C’est ainsi que naissent les complicités, on croyait qu’elle ondoyait pour nous. Quand c’est agréable on croit facilement. L’endroit est divin, je l’ai toujours pensé. Toute personne de passage, qui s’attarde un peu avec nous dans ce coin, ne repart jamais sans suggérer que ce lieu est un paradis. J’en suis largement convaincu pour l’avoir choisi et construit afin qu’il soit mon Eden sur terre.
Demain, il va pleuvoir, la météo le prédit. Ce n’est que partie remise, vendredi, j’attaque le talus pioche en main pour agrandir la parcelle. C’est là que je planterai mes prochains légumes d’été et je compte bien en faire bonne récolte.
Le futur n’est jamais bien loin. Proche ou lointain, il fait vivre l’espoir. Il évoque la vie qui continue, se profile et danse dans les têtes sans se soucier du ravin qui l’attend au bout du chemin.
« Pauvre Martin, pauvre misère creuse la terre, creuse le temps… » Cela me convient parfaitement.
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Tu transformes chaque instant en moment unique et intense .Rien n est laissé au hasard…les details n’en sont plus…les messages et symboles envahissent l’instant et le quotidien est transcendé. Toujours très beau sous la patte de Simon.