Une pensée pour mon ami Gérard et ses enfants.
Le temps est fou. Le temps qui passe comme celui aux commandes des beaux jours ou des intempéries. Il devait être en larmes en ce jour de deuil. Il n’a pas arrêté de déverser toute sa tristesse.
Je la connaissais, un peu. Elle était très discrète dans sa fonction de conseillère pédagogique. Sa présence était apaisante et rassurante, jamais elle n’empiétait sur les états d’âmes des uns et des autres. Chaleureuse sans être démonstrative. Je me souviens d’un jour, je n’étais pas très bien dans ma tête. Elle était de passage dans l’école et m’invita à faire quelques pas dans la cour, juste pour converser un peu, pour parler de tout et de rien, de l’école et des enfants. Tout en douceur, la tête basse, les pas modulés sur un rythme mesuré, elle m’a dit la relativité des choses qui pèsent sur les épaules, que l’on supporte mal et font craquer. La relativité que je savais déjà pourtant. Que l’on sait pour les autres jamais pour soi. Cette relativité difficile à intégrer, qui laisse toute la place aux angoisses ravageuses. J’avais apprécié ce moment d’empathie.
Comment imaginer, qu’un jour je grimperai au mur du collège de Lévie, tout en haut, en faisant de l’escalade ? Elle m’avait convaincu que je pouvais le faire aussi et j’y suis arrivé. Il me reste ces souvenirs légers d’une personne drapée seulement de simplicité et d’humilité.
Le jour de ses funérailles, le temps facétieux avait provoqué un contretemps pour sa mise en terre. Comme pour faire un clin d’œil aux choses de la vie, en attendant que tout rentre dans l’ordre, elle a reposé un temps dans ma tombe… ces choses sont encore possibles dans nos villages.
Elle s’appelait Cécile.