N’allez pas croire que je suis tombé nez à nez avec une baronne, ni une comtesse d’ailleurs. A la limite, une duchesse cela me semble plus mystérieux, plus tentant, quant à la princesse n’y songeons même pas, c’est du rêve. Certes, je suis un doux rêveur mais pour mieux goûter à la réalité…
Non, je n’avais pas rendez-vous avec la noblesse aujourd’hui, mon ami Jean Jacques, dit JJ, m’avait conseillé la baronne, une pièce de viande que les bouchers nomment plus souvent aiguillette baronne.
Aujourd’hui, je voulais essayer. J’ai donc sorti la baronne et voici comment je l’ai troussée. Je sais qu’elle aime bien se rouler dans l’huile chaude d’une poêle, accompagnée d’ingrédients au parfum prononcé. Donc j’ai opté pour le thym et l’ail. Elle a doré un peu de chaque côté puis lorsqu’elle était légèrement bronzée, j’ai déglacé une première fois avec quelques cèpes secs qui avaient baigné toute la nuit dans de l’eau au frigo. Elle n’est pas très exigeante, vingt minutes à four chaud autour de 200°C lui suffisent pour être fondante à point.
Son unique volonté bien marquée est de ne pas se présenter seule dans une assiette. Ah non ! Elle aime bien être accompagnée de petits légumes, ça fait plus classe. Hélas, je n’avais rien sous la main, alors je lui ai présenté des pommes grenaille en tenue de jardin (avec leur peau) mais coupées en deux dans le sens de la longueur. Elles se sont baignées dans de l’huile pour rissoler à forte température avec leur copain oignon. Ce dernier a souhaité se présenter en cerceaux qui à la cuisson se sont défaits. Il a fallu emmener tout ce monde jusqu’à croustille et c’est là que Signora Nepeta est venue étaler son parfum incomparable avant que le reste des champignons à gros pied ne vienne se joindre à eux. Evidemment comme pour la baronne, j’ai fini avec des pincées de sel et de poivre… Ça « exhauste* » le goût, dit-on. Tout ce beau monde est passé au four avec l’aiguillette pour le même temps de cuisson.
Les invités ont apprécié la tendreté, je préfère dire le moelleux, le fondant de la Baronne accompagnée de sa cour.
Merci JJ pour cette bonne idée.
Il ne me reste plus qu’à trouver un nom à cette recette toute simple. Comme dans certains restaurants, lui inventer plein de chichis pour épater inutilement le monde, du genre : « Baronne chaude et ses laquais pommes en pyjama » ou « Baronne patateuse au bal du thym et de la nepeta » ou enfin, « La Baronne et Parmentier se donnent rendez-vous sous les cèpes ».
Trêve de bêtises, ce fut une révélation gustative et une bonne inspiration pour régaler « Les choses de la vie ».
Jouer avec les mots, jouer avec les références de tous ordres, c’est une plaisant façon de célébrer la vie et la culture. A te relire.