Un monde atomisé.
A l’heure où j’écris ces lignes, moins de 41 % des électeurs se sont rendus au bureau de vote pour les législatives. Encore 3 heures pour remonter la pente.
L’appertisation est un mode de conservation des aliments, bien connu depuis la fin du 18e siècle sur une idée de Nicolas Appert. De nos jours, haricots verts ou flageolets, petits pois ou plats cuisinés sont bien à l’abri, la boîte en fer blanc a fait des progrès depuis le début du 19e siècle.
A chaque élection c’est l’Eureka national, on a trouvé la bonne clé. Cette année, Macron sans parti et sans passé électif gagne le concours Lépine de la politique, une trouvaille inimaginable quelques mois plus tôt. Hélas, on commence à déchanter, un peu seulement, il faut attendre pour voir. L’actuel premier ministre pense déjà, que certaines promesses ne pourront pas être tenues et que la croissance sera molle au moins pendant deux ans… Nous sommes habitués, ce n’est pas une très grande surprise. Les hommes font ce qu’ils peuvent, le nouvel élu n’a-t-il pas répondu, hier, à des salariés en colère : « Je ne suis pas le Père-Noël ! »
Vous allez voir ce que vous allez voir, ça va changer grave pensait-on ces derniers jours. L’Assemblée Nationale, nouvel Eden peuplé d’anges, une ruche promettant bon miel pour le pays, préparé par les soins de dévouées abeilles ouvrières. Est-il possible d’emballer le monde dans une boîte tissée de lois bien fermes ? C’est la première mission exigée par Robin des lois Bayrou bien décidé à concocter sous son crâne chauffé comme un four à stériliser, quelques garde-fous bien sentis. Hélas, François, ostensible comme un coucou suisse sortant de son nichoir pour annoncer la bonne cuisine, s’est pris une bouffée de vapeur surchauffée en soulevant le couvercle de sa marmite. En cuisinant, il faut toujours se méfier des projections brûlantes qui peuvent surgir à tout moment. Dans son élan de pasteurisation annoncée des élus, il a oublié un peu trop vite qu’un passé n’est jamais limpide, nous avons tous des moments de faiblesse. Il n’est pas content du tout que certains journalistes se mettent à fouiller dans le passé du MoDem. Quand on veut laver plus blanc que blanc, il ne suffit pas de sortir de chez Omo. Notre cher François était heureux comme un colibri en vol géostationnaire devant une fleur remplie de nectar, on lisait la satisfaction sur son visage, fier comme un jeune étudiant admis dans une grande université. Quelle idée de troubler ainsi son onde !
Les petits pois/carottes comme les sardines se conservent très bien dans les boîtes en fer blanc, pas les députés, pas les politiques. Par ces temps de débâcle annoncée, les girouettes virent au moindre souffle de vent. Un grand nombre de flèches tournantes pointe le Macron nouveau sorti de l’urne comme un hurricane des Caraïbes alors que quelques poignées de jours seulement avant son élection, elles en disaient beaucoup de mal. Un ouragan qui chamboule le paysage politique en emportant les partis traditionnels sur son passage. Au lendemain des législatives, le calme après la tempête puis l’heure du désastre à l’est comme à l’ouest, la désolation dans la classe politique soufflée par la déflagration atomique. La mise en boîte du monde politique ne marchera pas et n’évitera pas les cas de botulisme. Le monde est ainsi fait, il ne s’accommode pas d’un égo surdimensionné qui décide un jour de prendre revanche sur toutes ces années à cogiter dans le désert. Une traversée des grandes étendues sablonneuses à ruminer un futur jour de gloire.
L’idée, non pas de mettre tout ce monde au pas cadencé, mais de revoir tout ce qui n’est pas raisonnable dans le système, tout ce qui favorisait les dérives inacceptables, est sans doute louable et mérite attention. Cela demande du tact, de l’humilité, de la raison et devait se mener sans tambour ni trompette, sans donner l’impression que Zorro est arrivé.
Le monde est bizarre et ce qui s’y passe aussi. Rien de nouveau n’apparait sans son lot d’effets pervers. Il est rare que l’on songe à les devancer, à les deviner, à les supposer pour en éviter le plus possible, on passerait son temps à perdre la tête. Il reste à espérer que ceux engendrés soient moins pervers que ceux qui existaient déjà.
J’ai toujours un ouvre-boîte à portée de main, je lis les étiquettes et finalement fais ce que je veux. Au fait, je ne suis jamais dans la boîte, les petits pois je les mange.
M. Loyal B. m’a toujours intrigué avec ses explications tarabiscotées, même lorsque ses analyses sont évidentes, il les sur-explique. J’ignore pour quelle raison ou pour quel plaisir, sinon celui d’exister.
Croyez-vous que cela mérite une image ? Aujourd’hui j’avais envie de faire le fou.