Ce ciel qui s’embrase…

Les journées sont lourdes. La sècheresse fait crépiter les brindilles. On entend çà et là des petites gousses de gesse sauvage qui éclatent, des capsules du compagnon blanc (silène) qui explosent pour libérer leurs graines. Le vent les enfouira sous des pierres ou les plaquera dans l’anfractuosité d’un talus. Passer à l’abri le temps mauvais en attendant le retour de la vie printanière.

Les arbres souffrent, les poires se dessèchent, parfois se momifient, le raisin au grain minimaliste semble avoir plus de pépins que de pulpe, les figues n’enflent pas, se ratatinent et finissent mal. La noix a l’œil au beurre noir, son brou d’ordinaire si vert et si prometteur n’affiche qu’hématomes prémonitoires d’une année mauvaise.

DSC_0061aLa poire momifiée se fait menaçante. (Cliquer sur les photos)

Même les geais ne sont plus très alertes, ils chapardent mollement quelque poire bien choisie laissant un cratère profond aux marges découpées à coups de bec désordonnés. Les merles ont disparu, on ne les voit plus dans les parages.

Les lézards sont à la fête. Le soleil est leur ami. Ils semblent jouer au furet en passant par ici et revenant par-là dans les trous des murailles. Ils connaissent chaque galerie, chaque veine secrète et s’amusent à tromper l’importun qui passe. Surpris l’un et l’autre, l’un se cache et l’autre surveille. Un jeu immanquable, c’est presque toujours ainsi que cela se passe.

Si j’en juge par les erres* et les crottes déposées pendant la nuit, les hérissons et les tortues sont encore actifs. J’imagine les roulades d’un petit insectivore transformé en boule hérissée sur les pentes dégagées, piquant au passage les restes de fruits abandonnés. Et la petite à la carapace écailleuse rigole en le voyant bouler sous son nez. . Le bassin est vide, le fond montre ses larges écailles de vase séchée comme une latérite dans le désert surchauffé. Les plaques aux bords recroquevillés présentent leur mosaïque verdâtre qui ne contient plus la moindre molécule d’eau. Les rainettes ont déserté Aratasca beaucoup trop exposée au soleil de l’été. A la nuit bien tombée, les grillons se réveillent pour donner un concert dans toute la contrée. Ils stridulent, grésillent ou craquètent pour qui sait faire la différence dans leur mélodie nocturne.

Ça vivote ou ça vit entre désolation et chaleur bien venue.

IMG_1258A la brunante, comme pour un rappel avant de lâcher un peu de fraîcheur à la nuit tombée, le ciel éteint progressivement ses dernières flammes, tire ses dernières braises derrière la montagne et s’assombrit. Un bleu nuit intense s’installe au firmament, les étoiles s’allument puis murmurent leur chanson par myriades. Des yeux se lèvent vers les galaxies et chacun écoute ce silence qui projette ses notes secrètes pour que le visiteur du soir y trouve sa mélodie.

Seul dans la nuit, l’imagination en totale liberté, je m’invente des rêves enchantés.

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*erre=passage d’un animal que l’on devine à la trace laissée dans les herbes (pour le hérisson)

 

1 Comments

  1. Il est vrai , Simon , qu’en cette fin d’été chez nous, tout ce qui vit espère la pluie ….
    Et puis viendront les brumes de l’automne et toutes les souffrances seront oubliées.

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