C’était un homme…

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Ce bouquet de notre cimetière.

Il était médecin de campagne, médecin de famille comme on dit chez nous.

Sa vie a consisté à préserver celle des autres sans compter, sans numerus clausus dans son temps et sans se soucier de sa santé. Un dévouement permanent, un véritable sacerdoce, toujours plein d’humanité pour ses patients villageois.

Qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige, il apparaissait à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Avec sa discrétion légendaire, il frappait et pénétrait dans la pièce sans attendre l’invitation à rentrer. Il s’asseyait face au malade et jugeait rapidement s’il devait rester en tête à tête avec lui ou accepter d’autres présences. Il était humain avant d’être toubib. Il regardait, écoutait avant de parler, il prenait le temps de sonder l’état psychologique de son patient et savait rassurer son monde. C’est ainsi, le plus souvent, dans les chaumières, les gens ont besoin d’être rassurés.

Après sa retraite tardive, on le rencontrait dans les rues du village à musarder dans des endroits qu’il n’avait jamais eu le temps de regarder durant son activité. On avait l’impression qu’il cherchait à rattraper le temps perdu, à redécouvrir les coins de son enfance… Toujours d’un calme olympien et la bienveillance accrochée à son léger sourire.

Avec ce retrait de la vie active, c’est tout un pan de la médecine de campagne qui est tombé. La pratique a changé, les relations soignant/soigné aussi. Des approches plus techniques, le regard sur le patient est plus froid de sorte que l’on sort parfois plus inquiet du cabinet médical qu’on ne l’était en y entrant.

La nuit dernière, le docteur Maestrati s’en est allé. C’est sans doute la dernière fois qu’un enfant de Lévie aura mené une carrière aussi longue dans son village.

Il était avec nous, désormais, il est des nôtres.

Je l’imagine quelque part dans le ciel accoudé à un nuage, cherchant à prendre de nos nouvelles dans la plus grande discrétion…

Ce soir, j’avais envie d’avoir cette pensée pour lui et de lui rendre un petit hommage bien mérité.

Riposa in paci, umanu !

 

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