Hier, je regardais l’émission « La grande librairie », je m’imaginais assis à côté des invités et je cherchais à comprendre comment j’aurais participé à ce petit débat.
La première idée qui m’a traversé l’esprit était de me considérer dans cette petite assemblée comme l’ignare de service. Je n’avais pas les références pour argumenter une intervention, je me serais contenté d’écouter et d’en tirer des informations pour étoffer mon maigre bagage livresque.
C’est connu, ou du moins ceux qui me suivent le savent, je n’ai pas lu un seul livre de ma vie et je continue à ne pas lire. Avant mon premier ouvrage j’évitais de l’avouer, aujourd’hui, je m’en fiche et n’ai aucune honte à le faire savoir.
Ma culture, aussi limitée soit-elle, existe pourtant.
Je me suis nourri de bribes, de miettes, beaucoup de miettes picorées ça et là.
J’ai une grande mémoire et le peu que j’apprends, je le transporte longtemps pour façonner mon art de vivre. Le vecteur est immuable, je développe en priorité le bon sens et la logique. D’un rien, je peux vous en faire une tartine mais une tartine savoureuse qui donne envie de la grignoter encore. Je pense pouvoir cuisiner le peu de savoir que j’ai acquis et en le cuisinant avec joie, j’invente des plats, indéfiniment. Donnez moi un mot au hasard et sur le champ, je vous écris une histoire.
Finalement, je suis un curieux personnage dans toutes ses assertions, tant curieux dans le sens d’apprendre que dans l’effet de surprise que je suscite parfois.
Je l’ai déjà dit, souvent ceux qui me connaissent m’appellent l’extraterrestre.
Ma culture aussi maigre soit-elle, minimaliste en apparence et même en réalité, ce qui peut sembler paradoxe, me permet de tenir conversation avec les plus savants. Certes, je n’entre pas en rivalité sur la physique quantique avec un physicien, mais je peux lui tenir compagnie un moment, j’en sors toujours plus informé, il m’en reste toujours quelque chose. J’ai cette faculté « buvard » qui me permet de retenir ce qui m’intéresse.
J’ai une curieuse façon de tirer mon épingle du jeu.
Je suis spontané, ne fais pas forcément dans la dentelle et prends petits risques, cela m’a valu quelques surprises.
Je me souviens d’une dissertation, mais pas du sujet, de mon envolée soudaine par laquelle je saluais Cyrano en écrivant au milieu d’une phrase « Bravo Cyrano ! »
Le correcteur avait noté dans la marge en soulignant mon exclamation, « Très bien vu ! ».
Je n’avais rien vu du tout puisque je n’ai jamais lu Cyrano de Bergerac. Je devais avoir une intuition par rapport au peu que je savais du personnage. Si l’on m’avait demandé de préciser mon exclamation, j’aurais été bien incapable d’expliquer mon idée. Cela s’est reproduit à plusieurs reprises et notamment lors d’examens au moment de ma formation. Sans doute, suis-je touché par le don de renifler les bons coups.
Hier, encore, j’étais bien décidé à lire un livre. Je l’ai acheté, je me faisais presque une joie de rompre mon ignorance des choses écrites, j’ai capitulé dès les premières lignes, je n’ai pas réussi à franchir le petit Rubicon de la première page. Mon idée fut de l’offrir à quelqu’un, ce sera fait aujourd’hui.
Ma culture ? Je n’ai pas de culture mais qu’est-ce que je cultive les idées !
Ma plus grande joie est l’écriture, je jubile, je m’amuse et j’espère ne pas véhiculer que des conneries comme on dit trivialement.
Certes, il n’y a pas grand monde à mes basques pour lire mes écrits, le peu de lecteurs qui suivent l’écrivant, écrit-vent, que je suis, suffit à mon bonheur. Alors, je continue à faire du vent.
Entendez-vous ce souffle ?