Synchronicité.

Cliquez sur la photo, vous verrez la rectitude pleine de volonté de notre noyer encore nourrisson.
De l’obscur à la clarté des choses pour finir dans un rêve d’enfant. Une de ces voies que tracent les lignes de la vie comme une construction subtile. Voilà ce que je voulais produire aujourd’hui en exprimant, au bout du compte, mon goût pour la simplicité et la légèreté d’une existence. Une plume qui se soulève au vent léger comme à la douce chaleur ambiante puis va se poser avec délicatesse dans un coin de l’oubli… Voyez l’image de ce frêle noyer dont on ne sait encore si l’idée était bonne de le conduire jusqu’ici.
« L’exemple classique présenté par le père du concept de synchronicité (1946), Carl Gustav Jung, est celui d’une patiente ayant tendance à trop rationaliser ce qui lui arrive, rendant ainsi son analyse inefficace. Un jour elle raconte un rêve à Jung dans lequel elle reçoit un scarabée d’or. Au même moment, elle entend un bruit à la fenêtre et Jung va l’ouvrir puis saisit l’insecte qui s’y trouve et le montre à sa patiente: « Le voilà votre scarabée » dit-il, attrapant l’insecte qui vient de se cogner contre la vitre. Le choc ressenti par elle à cette vue eu alors pour effet de générer chez elle un déblocage mental qui aida grandement à la poursuite de sa thérapie. » www.philippeguillemant.net
Ce mot de synchronicité, m’est revenu à l’esprit lorsqu’un cousin est passé me voir l’autre jour avec une plante dans un pot. Il s’était rendu sur la tombe de mon père pour y poser des chrysanthèmes. Remarquant qu’un végétal avait émergé juste à proximité immédiate, il s’est empressé de le déraciner le transportant jusque chez moi dans le pot qui contenait la fleur des morts. Il m’a dit : « C’est un noyer et ton père te l’offre pour accompagner celui de ton jardin qui veillera sur lui ».
L’idée était bonne. Il pleuvait et cela ne nous a pas empêchés d’aller illico dans le jardin pour effectuer cette transplantation. Ce noyer en vadrouille dans un cimetière aurait sans doute mal fini sous la débroussailleuse d’un employé municipal. Il sera bien mieux là parmi les figuiers. Il est encore bébé, je veillerai sur lui en même temps que son aîné planté il y a vingt ans, pour qu’il prenne bonnes racines. Mes petites filles savent déjà ramasser les noix. Un jour, je leur raconterai cette histoire et ce voyage qui ne se serait jamais produit si mon cousin Ange n’était aussi sensible aux signes. Il a instantanément établi un lien entre cet arbrisseau, mon père décédé de longue date et moi.
C’est parce que je le connais que j’ai pensé à la synchronicité même si le terme a toutes les chances d’être impropre dans ce cas. J’avais imaginé une synchronicité par procuration, pourquoi pas ? Le terme inventé pour la circonstance par G. Jung n’a aucune certitude, ne répond à aucune règle définitive. Comme souvent en sciences humaines, cela reste au stade de l’hypothèse séduisante, cela colle et arrange bien. Je n’entrerai pas davantage dans les détails, c’est un truc à prise de tête qui n’aboutira pas aujourd’hui. Entre croyance et savoir, persuasion et conviction, nécessité, obligation et contingence l’affaire dure depuis que la philosophie est philosophie. Le sens de ce vocable, barbarisme pour certains, est encore en suspens et chacun y verra ce qu’il veut.
C’était l’occasion d’ouvrir une page, sans rien élucider, sur ces choses que l’on pense mystérieuses et qui se produisent à des moments précis tout près de nous. Des coïncidences ou non, selon certains, des hasards que l’on habille de sens et de subjectivité. Il y avait sans doute, éparpillés dans le cimetière, d’autres noyers en préparation, les geais transportent des graines y compris des noix un peu partout… Ainsi le phénomène aurait pu s’attribuer à d’autres… Mais au fond, puisqu’il plait de penser ainsi…
Cela donnera une histoire à cet arbre et dans vingt ans mes petites filles l’appelleront l’arbre de notre bisaïeul que notre grand père a planté pour nous.
Ainsi se jouent les petites choses de la vie. Elles inventent, racontent et perpétuent des histoires. Souvent des anecdotes qui se transforment au fil du temps et de déformations en déformations deviennent de « vraies » histoires. Un récit qui gardera un certain mystère pour donner du charisme à notre noyer. Pendant la nuit, en secret sous les rafales de vent, les noix s’évaderont pour engager un dialogue avec le hérisson :
Ploc ! Ploc !
Holà ! Faites attention ! Il y a du monde, là !
Une autre jolie petite histoire naîtra dans le froid d’une nuit pour endormir les petits enfants.
Toute une réserve d’histoires en gestation encore assoupies derrière un rocher, contre un arbre, en attendant d’être soulevées par le vent…
La vie n’en finit pas de nous raconter ses aventures…

3 Comments

  1. Mystères du noyer de Missiau…mystères du scarabée d’or…Rêves pour enfants? Hasard? Causalité? ….à vos petites filles de donner la (les) réponse(s)…sur « La route du temps »…

  2. Merci Luce et Claude. Voilà bien d’autres rêves.
    En relisant.
    « …ces choses que l’on pense mystérieuses et qui se produisent à des moments précis tout près de nous. » Ces moments ne sont ni précis ni près de nous. C’est chacun qui en fait l’éclairage, qui leur donne un sens alors qu’ils vous ignorent. Voyez comme des mots induisent déjà un sens. Avec sa lanterne personnelle chacun y devine ce qu’il veut. Le trucage des mots est redoutable et quand il passe inaperçu, anodin, il vous emmaillote bien au chaud et vous vous endormez dans le rêve qu’il vous impose…

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