Cette médecine qui n’existe plus…

Evidemment, je ne vais pas vous dire que c’était mieux avant, dans l’absolu, mais certains comportements étaient plus humains.

Lorsque j’étais enfant, il n’était pas rare de voir le docteur Mela à la maison, en plein hiver, devant la cheminée après minuit. Grand-mère était au plus mal, nous n’avions pas de téléphone, quelqu’un se chargeait d’alerter le toubib.
Il partait illico, et Angèle l’infirmière bénévole du quartier l’attendait, si besoin était de le seconder.
S’il entendait tousser quelqu’un dans la famille, il l’auscultait, et établissait une ordonnance afin d’éviter de revenir. La famille ainsi protégée, parfois, ne déboursait le moindre centime. Il savait la condition familiale et filait sans rien réclamer, la sécurité sociale n’existait pas pour ces gens-là.
Il savait où prendre son pécule.
Point de ski, point de vacances à la neige, ni sur une plage enchantée.

Bien plus tard, j’étais victime d’une sciatique paralysante, je ne pouvais plus bouger et m’étais réfugié sous la table, tant bien que mal, pour ne gêner personne.
Il était 23 heures, une femme de SOS médecin, s’était déplacée. Elle m’a demandé de rester tranquille où j’étais, et à plat ventre à mes côtés, elle me fit une piqûre qui me soulagea dans la demi-heure suivante.

Plus tard encore, en 2007, j’avais grimpé sur un mur. L’écart trop grand, j’ai failli m’écarteler.
Je suis resté bloqué et ne suis redescendu de la muraille qu’avec grande difficulté.
Le lendemain matin, j’étais bloqué au lit dans l’incapacité de bouger et de me lever.
Claude mon ami de lycée fut appelé en urgence à 7 heures du matin. Il venait de Propriano.
Rapidement, il me dit :
– Tu t’es déboité la hanche.
il s’est assis sur le lit, m’a attrapé par les mains, m’a soulevé sur ses épaules, fit un tour de manège et me lâcha sur le lit sans ménagement.
– Lève-toi et marche ! dit il, j’ai entendu le bruit, ta hanche est remise en place.
Incrédule, surpris par sa méthode dont j’ai oublié le nom, je n’osais bouger.
Il est parti en me prescrivant deux piqûres pour soulager une torsion musculaire sévère.
Il m’envoya balader car pressé, c’était mon ami..
Timidement, j’ai fait des essais, une fois le toubib parti.
Je marchais, en effet quasiment sans douleur.
Cela me valut plus tard une opération de la hanche malmenée. Je porte désormais une prothèse.
Quel médecin aurait osé me faire tournoyer sur ses épaules pour remettre la hanche en place ?
On aurait alerté une ambulance pour, pimpon ! pimpon ! filer chez le radiologue ou à l’hôpital

Tout cela n’existe plus, mieux encore, il n’est pas certain que le SAMU vienne à vous.

Il faudrait songer à ajouter un « codicille » posthume au serment testament de feu Hippocrate :

« Toubib pense à ta santé avant tout, ne te sacrifie pas pour les autres, ton séjour au ski et tes loisirs sous les cocotiers sont d’une grande importance si tu veux durer. Ne risque rien qui aille contre ton bien être »

Pourtant, médecins d’hier et d’aujourd’hui sont des docteurs, quelque chose a changé.
Les valeurs, sans doute !


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