Le chemin qui mène au Paradis Pédestre n’est pas de tout repos.
L’Eden se mérite, on ne l’atteint qu’au prix d’une longue marche sur une route semée d’ornières profondes, piégée de nids de poules remplis d’œufs de feldspath, mica et quartz compactés.
Ce passage par le purgatoire, parfois dévié en enfer, en décourage plus d’un.
Ainsi, le Paradis Pédestre visé était quasiment désert aujourd’hui.
Un endroit tranquille où l’onde descendue des sommets tout proches, se la coule douce et chantonne sa barcarolle à travers des veines creusées dans l’herbe rase et spongieuse.
J’avais l’impression de me mouvoir sur un tapis souple, élastique, gorgé d’eau d’eau. A chaque pas, je m’enfonçais à mi chaussure.
Dans l’air, sous la voute céleste d’un parfait azur zébré de gris laiteux, s’élevait le grisollement des alouettes. Leurs sirlis survenaient par vagues musicales au ras des buissons et s’envolaient en mélodie aérienne. Une valse de notes ondulait, d’abord en rase mottes puis s’évadait au loin sous l’effet d’un souffle léger. Un air printanier jouait à apaiser les âmes…
Bien que chanteurs inlassables ces oiseaux demeuraient parfaitement invisibles. Je les devinais tout proches pourtant, à quelques pas seulement de mon passage.
J’étais, comme souvent, attiré par le gazouillis de l’eau qui ruisselait en pente douce, zigzaguant mollement entre les herbes d’un vert soutenu, puis finissait sa course dans une rivière en contre-bas, bien plus vive et plus nerveuse.
D’une pureté absolue, l’onde où se miraient le ciel et le cristal, frissonnait, sautillait, filait pimpante et guillerette à la conquête des torrents…
Voici un aperçu de mon voyage au Paradis Pédestre :