Tout était calme.
Seuls, le vent qui fouillait dans les branches et les chutes intempestives d’un ruisseau, animaient l’endroit de quelques décibels.
Un peu plus loin, le silence était revenu.
Traversant des passages dégarnis, où les saules et les chênes étaient clairsemés, le murmure d’un ru susurrait vaguement la fuite légère de l’onde à travers les broussailles. On entendait à peine quelques glouglous entre deux rochers, la coulée forçait un passage poursuivant sa fugue dans un léger souffle aquatique.
L’eau vive, agile et guillerette, descendait des ravines et confluait avec un ruisseau plus rapide.
D’autres rus s’unissaient un peu plus bas, dans ce mélange nouveau, accéléraient allègrement leur envie, devenue pressante, d’aller voir la mer.
Un ruisselet vif quittait la montagne en sautillant joyeusement pour se perdre là-bas dans l’infiniment bleu longé par le sable. Descendu par les frais ombrages, il n’aura plus pour image que les plages surchauffées où se feront dorer, puis griller, des touristes en mal de bronzage… Une vie oisive et paresseuse offerte aux rayons du soleil ardent.
Je n’irai pas voir la plage cet été, je préfère cheminer le long des rus qui hélas très bientôt ne seront plus que filet poussif ou flaques croupissantes, glauques, que quelques libellules demoiselles oseront à peine survoler. L’argus bleu attiré par le parfum de la menthe sauvage enchantera l’endroit de son vol zigzagué, indécis, s’en ira butiner d’inflorescences en ombelles, siphonnant le nectar des fleurs sans se soucier de la triste nature qui se meurt…
Pendant ce temps, à rebours, j’erre et remonte les rus vers l’amont à la découverte des sources de la vie. J’irai rajeunir mes ans à la prime fraîcheur de l’eau et à l’air vivifiant.
Un jour, peut-être, irais-je y déposer ma vie et m’endormir ici où sourd l’eau vive pour que mon âme repose tout près de la jouvence… Je rêverai de galaxies, d’éternelle vie.
