Le discours sans la méthode ou IA=TNT

Un jour quelqu’un balançait avec fierté :
– T’as vu ma photo ? Géniale, non ? Et sans filtre, pardi !

L’artiste qui se découvrait soudain, ignorait que son super photophone était doté d’un correcteur magique d’images et qu’il était bourré de filtres. Des filtres automatiques à faire pâlir le plus doué des photographes.
L’IA, l’Intelligence Artificielle fait des bonds de kangourou et supplante progressivement les capacités humaines, elle réalise en quelques fractions de secondes ce l’humain met un temps fou à concevoir avec de nombreux ratés.

Je lisais dans Chasseurs d’images, un mensuel dédié à la photo, suivi depuis son origine lointaine, que l’IA devient IA générative, une révolution déjà !
L’Intelligence Artificielle générative est capable de créer des « deep fake« , c’est à dire des « faux profonds« .
En langage clair, cela signifie qu’elle est capable de créer une image qui n’existe pas. Avec un simple indice sur un cliché pris dans mon jardin, elle peut inventer une scène diabolique, totalement différente, comme si j’étais un monstre menaçant dans les rues de New York. Vous imaginez tout ce que l’on peut inoculer dans l’esprit des gens et des plus faibles surtout, ceux incapables de prendre le moindre recul.
Il y aura de quoi révolter la planète entière avec des des informations totalement inventées.
Ma petite coccinelle que vous voyez en train de procréer deviendra un monstre qui cherche à détruire l’humanité.

En lisant, un peu partout, des commentaires propulsés à la va vite sur les réseaux sociaux, on s’étonne parfois de remarques incongrues qui ont le profil de la parfaite logique, en apparence seulement.
Les commentaires des commentaires défilent à la vitesse de croisière internet de sorte qu’on ne vérifie même plus la proposition originelle, le contenu des données initiales. On commente le dernier commentaire sans vérifier si cela a déjà été dit.
De la réflexion, n’en parlons même pas, on n’a plus le temps ni le souci de raffiner les propositions, il faut que ça fuse. L’idée de placer son mot est bien plus pressante que la précision ou le bienfondé de son analyse.
Seule l’impression compte comme si l’on renvoyait instinctivement une balle de tennis dans le camp adverse. Le recul est en net recul mais pas dans le bon sens de l’assertion « prendre du recul ». On ne prend plus la peine d’explorer d’autres pistes, de vérifier si l’on a bien compris ou si l’on tient bien toutes les données nécessaires à la compréhension d’un fait. Cette attitude est très courante et se généralise à grande vitesse. C’est, à mon avis, l’effet pervers qui accompagne les avancées technologiques trop rapides, trop diverses, capables de troubler notre entendement lorsqu’il ne peut plus s’exprimer dans des conditions humaines. On ne répond plus à un être humain mais à une machine toujours disponible pour recevoir un jeu de ping-pong.
Lorsque l’intelligence artificielle aura pris le pouvoir, l’humain sera réduit à l’incongru.

C’est extraordinaire de remarquer la « dithyrambie » face à une historiette destinée à faire sourire. Je vous donne un exemple :
Dans un square, une personne qui ne semble plus avoir toute sa tête est assise sur la pelouse entourée de bougies. Un passant l’interpelle :
– Pourquoi toutes ces bougies autour de vous ?
– Pour me protéger des lions !
– Il n’y a pas de lion ici !
– Vous voyez, ça marche !

Ce n’est qu’une gentille amusette et certains s’extasient :
– Ah la finesse !
– Bien dit !
– Il lui a cloué le bec !
– Pas fou celui-là !
– Ben voilà ce qui arrive lorsque on joue au plus malin !

On a toujours raison lorsqu’il n’y a pas de raison.
C’est une dérive du temps semble-t-il.
Il parait que même des scientifiques font une philo-pause autour de la cinquantaine. Sur une révélation, ils abandonnent un moment la science pour glisser vers une pseudo-science qu’ils pensent découvrir soudain.

Le plus difficile est de garder une méthode dans le discours, les autres s’en fichent et se fient à la logique du coup d’vent, c’est dire par rafales en renversant toutes les quilles de la logique élémentaire…
On n’a plus le temps de se pincer pour savoir si tout cela est vrai, c’est vous dire…

Il parait qu’il faut rester positif et ne pas voir le mal partout. L’IA aura, dit-on, des effets très bénéfiques sur l’humanité. Alors « Que dieu nous bénisse », cela fera rire les machines qui ne croiront même plus en l’homme.
Moi je veux bien, mais je crois, à défaut de savoir, qu’un jour L’Intelligence Artificielle fera Boum ! Boum !
Non pas comme un cœur qui bat dans la poitrine mais comme le TNT car l’homme cultive volontiers les effets pervers des choses…
L’avenir nous le dira, les mentalités auront tellement évolué que cela ne surprendra personne.
Hélas, je ne serai plus là pour m’en rendre compte.
Pauvres petites coccinelles insouciantes !

Allons nous cacher là-bas.

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