Croyez-vous qu’il soit possible de perdre le temps ?
Je n’ai pas l’impression de me trouver dans cet état d’esprit car c’est bien un état d’esprit, la notion de temps perdu.
Au moment où j’écris, je suis fourbu d’avoir pioché une bonne partie de la matinée. J’attends que la fatigue passe, c’est le temps qui l’emporte, je me repose sans avoir le sentiment d’être oisif.
En attendant, mon esprit vagabonde, explore d’autres horizons.
Je regardais une photo qui date du début du printemps dernier.
En images, j’ai l’impression de récupérer le temps. C’est une boutade, inutile de philosopher 😉
Il avait plu, les giroflées étaient couvertes de perles tombées du ciel.
Des petites billes transparentes jettent des milliers d’étincelles sous l’effet d’un rayon de soleil. J’ai compris que sous ces jeux de lumière irisée, les pétales « giroflés » d’un orange parfait ou d’un jaune éclatant subissent en silence la brûlure des multiples petites loupes que forment les gouttelettes déposées par les averses.
Demain, la corolle sera criblée de taches blanches, les stigmates d’une agression de l’astre dardant…
Sous la poésie qui enjolive les choses se cache la réalité aux sentiments moins réjouissants.
Fermez les yeux, prenez un peu de recul, écoutez le temps qui passe…
Ô temps insensé
Tu chemines sans être étonné
D’étouffante chaleur
En vive fraîcheur
De vents alizés
En bises aiguisées
De ciel azuré
En nuages cendrés
De jeunesse
En vieillesse.
Tu te fiches
De naguère et d’antan
D’ici et maintenant
Tu files d’étés en printemps
D’hivers en automnes
L’humeur monotone
Et chantonnes avec le vent.
Tu passes
Sans te retourner
Jamais ne te lasses
De toujours courir
Vers demain
Visant des jours lointains
A conquérir des souvenirs.
Sans jamais quitter aujourd’hui
Tu t’enfuis
Nous faisant croire aux lendemains
Hier est déjà loin
Il reste encore la trace
En attendant l’oubli…
Les images et les récits, bien entendu,
Veillent sur le temps que l’on croit perdu.
Le petit plus :