Mon heure de gloire.

Hier, nous parlotions sur Facebook de mes hiboux, très appréciés par certaines amies du réseau social.
C’est réjouissant, très agréable pour moi de recevoir tant de sourires amusés.
C’est ainsi que m’est venue l’idée de situer l’origine de mes petits personnages.
Je vais donc, pour vous, en rappeler la génèse.

Leur naissance remonte à une quarantaine d’années.
J’avais remarqué que dans certaines classes de CE les maîtresses galéraient un peu pour motiver leurs élèves en expression écrite. Bon nombre d’entre-elles pratiquait le texte libre qui n’a de libre que le nom. Certains enfants n’avaient rien à raconter et donc restaient devant page blanche.
Le texte dit libre était pour moi une fausse bonne idée. Je préconisais l’envie d’écrire en titillant leur imaginaire, leurs réactions spontanées, plutôt que suggérer l’écrit à partir de rien, en croyant donner totale liberté.

Je leur ai suggéré mon idée et pour la lancer, j’ai proposé d’assurer le suivi pour ne point alourdir leur travail.
Je nommais ce moment « la période d’observation » au cours de laquelle les enseignants pouvaient apprécier le comportement de chaque écolier au travail, sans être impliqués, donc plus sereins, plus détachés. Une source appréciable d’informations.
J’avais le projet de leur faire découvrir une autre facette de leurs élèves, pour qu’ils agissent, ensuite, mieux informés.
L’idée avait plu mais pas à tous, ceux qui se tenaient à distance, la vivaient comme une intrusion alors qu’il s’agissait d’une proposition. Heureusement pour moi, car le travail de correction, d’imagination et de relance était colossal. Une surcharge en plus de mon travail.
Les enseignantes qui avaient refusé, c’était leur droit, espéraient secrètement que je me plante et nous observaient discrètement. Disons d’emblée, qu’elles ont été séduites par la suite mais, je ne pouvais m’éparpiller si largement. Elles prirent connaissance des conclusions, des avis des collègues actives, bref ce fut très positif et intéressant.
Le monde de l’enseignement devenait observateur avant d’agir, non distributeur automatique de savoir, uniquement. Projet audacieux.

Mon idée était de placer chaque enfant devant un effet déclenchant, déclenchant l’envie d’écrire.
J’avais inventé trois personnages, à l’origine, Molmou le ver de terre, Scriby l’oiseau espiègle et Lulu le hibou sentencieux toujours en retrait de tout.
Plus tard, d’autres personnages vinrent peupler notre théâtre. Chatouilleuse la chenille velue, Bectordu l’oiseau retors, Lule compagne de Lulu, les petits, Lulot le timide, Lulette la rigolote et Luleron le facétieux. Tous ces personnages sont nés au fil de l’histoire pour étoffer et développer les écrits.

Voici le point de départ. j’ai proposé un dessin sans couleur, dans lequel Lulu interpellait les enfants. Une simple question (cela sera plus précisément raconté dans mon prochain livre « A l’ombre de l’école »).
Sans rien leur demander, ils ont spontanément répondu sur la feuille, chacun à sa manière. Le coloriage intervenait après.
Au moment de la correction, j’imaginais les réponses des personnages, des nouveaux entraient en piste et l’aventure était lancé. Chacun construisait le fil de son histoire car aucun ne s’adressait aux personnages de la même manière.
C’était un travail personnalisé et les structures, propres à chacun, étaient améliorées au cours des corrections puis stabilisées en veillant à développer toute sorte d’écrit (le dialogue, l’épistolaire, la description, la narration…) L’envie d’écrire ne posait plus aucun problème… Tout le reste était affaire d’ajustements, d’enseignement.
C’était magique, mais je venais d’ouvrir la boite de « Condor », je n’arrivais plus à stopper l’envol de l’écriture… L’histoire s’éternisait, n’en finissait plus. Je n’avais pas anticipé cet effet car il fallait bien que je m’efface une fois l’idée lancée et admise.
Cela méritait une formation plus largement répandue, une idée à creuser pour éclairer des jeunes enseignants.

Il y a une dizaine d’années, j’ignore ce qu’il m’a pris, je me suis lancé dans l’écriture de pamphlets en fonction de l’actualité, dans un média diffusé sur la toile. J’avais remarqué que les commentaires pouvaient être massacrants, j’avais envie de m’essayer.
Pas très courageux ni suffisamment maso pour recevoir des coups, j’avais choisi un pseudo, c’était ce dernier qui était chargé d’endosser les bastonnades, moi, je ne me sentais pas visé. A vrai dire, je souffrais mais je tenais bon. Quelle idée d’écrire des pamphlets, c’était donner le bâton pour se faire battre.
Assez souvent, en illustration, je me cachais derrière mes hiboux, ils diffusaient des idées synthétisées, les miennes, à travers leur bec crochu.
Alors, mon jour de gloire ?
Ce fut un jour béni pour moi, la rédaction avait posté mon article à la Une, c’est à dire qu’il restait plus longtemps visible car tous disparaissaient au fil des heures. Seuls les plus suivis tenaient la distance, le choix du thème était très important.
Ce jour-là, je fus lu plus de 17 000 fois, je regrettais presque mon anonymat 😉 …
Le lendemain, je risquais peut-être le fouet, mieux valait rester caché !
Un commentaire m’a vraiment touché car son auteur était un romancier célèbre qui écrivait ceci :
« Voilà un article pertinent, largement au-dessus de ceux de certains journalistes au ras des pâquerettes. »
Le titre de mon article était « La France en couleur », j’étais fier de ma palette et de ma toile.
Il faut bien quelques satisfactions pour entretenir le moral !

Un jour de gloire ne dure pas et ce n’étaient qu’idées ô combien fragiles !
J’avais trouvé un écho et non point raison.
La raison, comme le bon sens est la chose au monde la mieux partagée, si j’ose paraphraser la citation pascalienne, puisque chacun dit la sienne et se croit fondé à le dire utilement.
Je n’échappe point à la règle mais ce jour-là, qu’il était doux d’oublier les fondamentaux !

La vie des hiboux, quand les nyctalopes philosophent.

Les hiboux martiens.
Quand Hippocrate tousse !
Encore un esprit non éclairé…
Ce dessin date du lendemain de la suppression de la taxe d’habitation.
C’était ma manière d’anticiper les effets pervers, toujours ignorés jusqu’à ce qu’ils surviennent.
Submergé par la maladie d’Ortho.
Maladie d’Ortho suggérée par Mac Mahon.
Hum ! On me prête de ces intentions… Quoique !
C’est juste une leçon, pas de quoi effrayer un hibou.


2 Comments

  1. Que ces élèves ont eu de la chance de croiser votre route Simonù, et ces bestioles aussi 😀

    1. Et moi donc ! Quelles chances dans ma vie…
      Elles se sont multipliées sans que je comprenne pourquoi et cela m’a rendu heureux.
      Les hiboux m’aident à exprimer certaines idées pour lesquelles, je ne peux faire un roman à chaque fois 😉
      Bon dimanche Gubu !

      PS.
      A propos de bestioles, l’expo « Bestioles de nos jardins », des curiosités à nos pieds et à nos esprits ignorants, semble en bonne voie, enfin, je crois 🙂

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