Que sais-je ?

Je vous invite pour une fois à suivre ma pensée profonde qui n’est pas visible dans mes propos habituels.
J’ai une tendance prononcée pour le second degré, la dérision, l’ironie, de sorte que l’on pourrait croire que je suis un histrion plus que quelqu’un de sérieux.
En fait, je suis une personne très sérieuse qui s’amuse beaucoup.

J’adore la vie et je la célèbre dans ses meilleurs aspects en écartant, tant que je peux, tout ce qui encombre l’amour de la vie.

Mon esprit que je dis à sauts et à gambades dans mes moments légers, tend bien plus vers l’esprit scientifique.

Toute ma vie active, j’ai fonctionné avec cet état d’esprit qui a fait de moi un « chercheur » inlassable et perpétuel. J’ai toujours essayé de comprendre la génèse des difficultés affichées par les enfants en errance scolaire pour trouver les moyens d’adoucir leurs souffrances, à défaut de régler leurs problèmes.
J’ai imaginé, tenté, inventé par l’approche du regard humain, de l’observation plus détachée et de l’écoute avant d’agir.
Evidemment, en sciences humaines, la tâche est plus ardue, moins abordable, approximative souvent avec une plus grande difficulté à se détacher de ses émotions comme de celles qui émanent de l’autre.
J’ai toujours eu cette attitude de distance pour une approche sereine.

En prenant de l’âge, rangé de ma vie active au chevet des autres, j’ai pris le large.
En reposant mon côté cartésien, je suis devenu rêveur, certains me disent poète.
Je me suis donné quelques libertés pour batifoler un peu, prendre quelques libertés avec le sérieux et me voilà parti sur des sentiers parfumés parfois me roulant dans le dérisoire, le frivole.
Le chemin du sourire permanent qui parle de la vie, avec humour et détachement pour mieux la partager, encore. Une sorte d’aveu de l’impuissance à comprendre et savoir. Une fuite des réalités.

J’ai aimé infiniment, intensément, le vivre « ici et maintenant », la beauté d’un coucher comme d’un lever de soleil, les facéties de la lune qui joue avec les nuages, le mystère qui clignote dans les étoiles.
Le clapotis continu d’une rivière, seul au bord de l’eau à deviner la danse d’une demoiselle libellule, à suivre du regard le cincle* qui remonte un cours d’eau en rase flotte avec son sifflement saccadé.
Le parfum entêtant de l’immortelle accablée de chaleur, les mésanges qui zinzinulent, les cigales qui « cymbalisent » et les grillons qui stridulent.

Les martinets, inlassablement tournent autour du clocher avec des cris aigus, pointus comme la chanterelle d’un instrument à cordes.
Allez savoir pourquoi ils tournent autour d’une éminence, sans doute parce qu’ils ne peuvent de se poser à terre ou sur un arbre, incapables de reprendre leur envol sans un grand vide pour plonger.

Et puis s’en aller, en pensant comme Voltaire « Je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait point d’horloger« .

Me voilà retombé dans les travers qui éloignent du savoir : s’agit-il vraiment d’une horloge, est-ce vue de l’esprit ou raccourci de l’humain ignorant qui cherche un sens à tout ?
Comparaison séduisante, fallacieuse pourtant ?

Et toujours revient le moment du « savoir ».
Les réseaux sociaux ont libéré l’illusion du « savoir », chacun y va de sa vérité, de sa certitude, livrant allègrement sa version à la lumière de son idéologie.
Ce n’est pas savoir, c’est dire, dire des choses…
Sans recul, sans prise de distance et s’interroger, on pense avoir tout compris, alors on tranche.
On s’imagine dans le vrai et le sûr alors qu’on nage dans l’incertain, on s’ébroue dans le partial, on barbote dans le tendancieux.

Savoir est un art difficile qui impose le silence, la circonspection, la prise de parole modérée, la prudence.

Que sais-je ?
On quitte toujours la vie sans savoir, alors, alors… on croit.
Savoir et croyance, aux fondements antagonistes, sont pourtant frères jumeaux homozygotes, complémentaires comme le yin et le yang, qui, main dans la main, regardent devant ou au ciel, l’un visant le monde et l’autre tourné vers l’inconnu.

Je sais que je m’en irai habité par le doute, définitivement ignorant du « Pourquoi ? »
Seul le « Comment » est à portée d’homme.

Le croire et le savoir se tiennent par la main, semblent regarder dans la même direction mais n’ont pas la même vision du monde.
L’inflorescence de trèfle qui a servi de point de départ à l’image ci-dessus.

*Cincle = « Merle d’eau », à dominante noire avec des plumes blanches. Il vit au bord des ruisseaux et niche parfois derrière les cascades.

2 Comments

  1. Bonjour Simonu ,
    Temps de réflexion ! Que cherchons nous vraiment ? Je le disais tantôt avec un ami fesboukien en parlant de l’une ! Merci à vous pour cette pause qui ramène à la réalité , 😉😊 nous partirons tous avec un doute , bravo je partage ,celà en vaut la peine ! Bonne journée, a salute .👋

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *