Peur dans la nuit.

De temps en temps, je quitte la poésie pour revenir à mes amours anciennes, c’est à dire mon côté cartésien, totalement rationnel, détaché de tout mystère.
Les faits sont régis par les lois physiques.

Lorsque j’étais enfant, j’allais à toutes les séances de cinéma avec ma tante qui faisait fonction d’ouvreuse.
Deux fois par semaine, le jeudi et le dimanche.
Elle s’occupait de la salle de projection, balayait et sortait les affiches sur la voie principale. Ainsi, le projectionniste, qui venait de Propriano, pouvait arriver tranquille, assurer la recette et dérouler sa bobine.
Pendant son absence en salle de projection, tante en profitait pour faire entrer quelques villageois peu fortunés, tapis dans une encoignure du passage devant la salle de cinéma et qui n’auraient vu aucun film sans ce manège. Moi, je m’occupais de faire signe à un copain.
César n’était pas dupe, il voyait l’intrusion à travers la petite fenêtre qui visait l’écran. Il ne disait jamais rien, sa recette était déjà satisfaisante. J’imaginais qu’il fermait l’œil sur la part du pauvre.

le plus souvent, je dormais chez ma tante, quelques fois je suis rentré chez moi après minuit.
La voisine de la Navaggia était très assidue aux séances et ces soirs-là, nous rentrions ensemble dans notre quartier au fond du village.
Une nuit d’hiver, alors que nous avions bien dépassé l’ancienne gendarmerie, juste avant de franchir le tournant de Pilli, nous avons essuyé une avalanche de jets de cailloux. Une rafale fournie et continue comme si nous étions tombés dans une embuscade.
Par chance, l’attaque s’est produite peu avant de disparaitre dans le virage, je me demande comment nous sommes passés à travers ces projectiles sans chercher à les éviter puisqu’ils surgissaient comme un feu nourri. Certaines pierres étaient de la taille d’une boule de pétanque, et parfois volaient en éclats au contact du sol. Deux salves brèves mais intenses qui ne pouvaient venir d’une seule personne. Visiblement, la mitraille était préparée, les pierres avaient été rassemblées bien avant notre passage, sans aucun doute.
Les assaillants se trouvaient sur la route de Carianonu, c’est à dire une vingtaine de mètres au-dessus de notre chemin.

Vous imaginez la frayeur, et le drame, si un seul projectile avait fait mouche sur un crâne.

Je n’ai jamais su qui nous visait de la sorte et pour quelle raison.
J’ai refait plusieurs fois le même parcours, c’était un passage obligé, toujours sur mes gardes, parfois avec un parapluie, même par temps découvert, pour au moins amortir la chute éventuelle d’un projectile.
Je sais que cette agression s’est produite encore une ou deux fois hors de ma présence. J’imaginais que je n’étais pas la personne visée.

C’est ainsi, sans aucune raison connue, cheminant sur une route sans danger, que parfois survient l’inexplicable coup fatal jamais expliqué…
C’est aujourd’hui seulement que je réalise la chance que nous avons eue.
Certains pensent que quelqu’un veillait sur nous, je dis que les cailloux sont tombés à côté, là où nous n’étions pas… Ce phénomène existe aussi sans autre raison que celle de la loi physique.

L’humain est égocentrique et croit que rien n’est extérieur à son personnage, surtout lorsque ça vient du ciel et de l’inconnu, comme ce jour-là.
Un ange gardien veillait sur nous, m’a-t-on assuré. J’avais oublié de le remercier 😉

Moi, je ne risque pas de vous courir après !
Puisqu’ils s’ennuient, il faut bien qu’ils s’occupent…
Bizarre, bizarre… Même la tomate s’interrogeait sur cette affaire !
Les deux autres étaient coites !


2 Comments

  1. 😉😆 merci Simonu pour ce moment de rire en toute simplicité ,si bénéfique .
    Si bien raconté que j’ai imaginé la scène .
    A prestu .

    1. J’imagine que vous avez fui avec nous ! Pas d’éclat, rien ? Vous êtes sortie indemne ?
      Je ne peux m’empêcher di chjachjarà.
      Bonne soirée Pierrette.
      A tout à l’heure 20h05 😉

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