Jean Paul.

Il était resté fidèle à son village, il revenait tous les étés.

Il fréquentait la place de l’église, assis sur une chaise, à l’heure des boulistes.
C’était un rendez-vous incontournable pour lui.
Il ne rivalisait plus boules en main mais prenait plaisir à regarder ses amis jouer à la pétanque.

Il rêvait.
Parfois détourné de son rêve par un carreau.
Il ne l’avait pas vu venir mais souriait en entendant le choc :
– Quall’ hè chi a tiratu ? A se tu ! Ùn beddu biscicanti !
Il était aux oiseaux comme disent les québécois. D’ailleurs il regardait le ciel en suivant la farandole des martinets. I striona striunaiani senza vargugna., Ils lançaient des cris stridents sans se soucier des autres.
C’était notre bande sonore les soirs de pétanque, on se souvenait d’Antoine Ripolin qui disait :
– I struona hanni u campanili in impresa !
Les martinets ont le clocher en charge car leur plaisir, apparemment, était de tourner autour, inlassablement.
En me voyant arriver, il souriait et attendait que j’aille le saluer, il savait que j’allais raconter des fariboles anciennes.
La dernière histoire qu’il me narra, c’était à la fin des années 50, un fameux match contre Aullène :

« Personne pour les convoyer. C’est Tinu avec sa bétaillère qui les conduisit jusqu’à Aullène en les prévenant que ses phares ne fonctionnaient pas et qu’il fallait rentrer juste après la partie.
Pensez donc ! La troisième mi-temps est la plus importante pour sympathiser avec les amis de l’Alta Rocca !
La nuit venait de tomber, personne ne bronchait et Tinu se faisait du mouron.
Qu’à cela ne tienne, les joueurs se sont cotisés pour acheter une lampe de poche dans l’épicerie voisine. C’est Julien qui s’est posté sur le marche-pied pour éclairer la route et signaler leur passage aux autres véhicules. »
Tinu, Julien et les autres ont sans doute la mémoire encore fraîche, sait-on jamais.
J’ignore vers quel paradis tu souhaitais voyager.
Voyage, voyage donc au-dessus des nuages… et que ta volonté soit faite !
Il nous restera le souvenir d’un sympathique villageois…

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