L’histoire d’une image.
Entre joli rêve et cauchemar, l’inconscient organise. J’ai failli dire choisit. Dans le choix, on a l’illusion de liberté, on pense s’approprier une voie souhaitée alors qu’on ne fait que trier parmi les propositions limitées qui s’offrent à nous.
L’inconscient s’aventure là où le conscient n’ose poser ses neurones. Il voyage en se libérant du joug de la morale, de la gêne ou simplement de l’auto-censure en « œuvrant » hors du champ de la conscience. Entre interdits et permis, le balancier oscille à la mesure d’un métronome comme un cœur qui bat en échappant à l’arythmie. Le rêve et le cauchemar déterminent la tachypensée et la bradypensée, la pensée accélérée ou ralentie comme un cœur qui s’emballe ou s’essouffle. Pendant que la conscience sommeille, l’évasion est permise sans être forcément tentée à tous les coups.
Il m’arrive souvent d’organiser mes voyages rêveurs dans l’espace et le temps. A ma guise.
Je vais là où je veux, là où il me plait d’aller.
Ce sont des endroits enchanteurs mais pas des lieux trompeurs. Je les imagine pour mon plaisir ou pour me faire peur. Je baigne inlassablement dans les forts contrastes qui me font aimer la vie.
J’adore le frisson, je rêve éveillé pour choisir les champs à explorer.
Je cultive le jardin des contrastes, les plus marqués possibles. Je rêve, plus souvent hors le sommeil.
La nuit, je dors comme un bébé mais je voyage aussi dans les fantasmes du sommeil paradoxal lorsque toutes les barrières sont ouvertes, je suis conduit, je ne maitrise rien, l’inconscient est à la manœuvre.
Parfois, je m’endors en souhaitant très fort de faire une virée hors d’ici. Je sollicite mon versant fou, je le préviens, je lui ordonne de m’envoyer dans les étoiles, dans une contrée inconnue où les choses sont belles, où les choses surprennent, font peur ou amusent. Des endroits qui n’existent que durant la nuit profonde lorsque le monde semble hors de la vie. Je voyage seul et personne ne soupçonne mes escapades folles au cœur du beau ou de l’horrible. Mais l’inconscient n’en fait qu’à son humeur, il s’en fiche et vagabonde à sa guise. Peut-être suis-je trop demandeur de folies pour qu’il boude souvent, en restant tapi dans l’ombre de ses absences.
Je regardais cette image prise lors d’une visite chez un ami. J’ai eu l’impression d’un endroit paradisiaque, d’être invité à découvrir le paradis. Les couleurs étaient belles, le temps était doux, le passage accueillant. Les jarres, tout en rondeurs, invitaient à oublier les soucis, à faire le vide avant de plonger dans un autre univers… Le cèdre baissait ses bras comme pour faire offrande de ses boules d’un Noël au vert tendre et à la lumière tamisée d’un jour d’azur. Je me suis attardé sur ce décor qui semblait m’interpeller.
Je sais qu’Antoine au regard bleu d’un ciel d’été, inspire le calme et la paix. Je suis allé le saluer, hier. Une rencontre brève, je crois que nous nous sommes compris. Antoine est mon ami et notre amitié qui ne ressemble à aucune autre est discrète presque secrète. Un regard, un retour sur le passé, un retour sur notre histoire, nous nous sommes compris.
Le passage était lumineux, j’y ai vu le monde de mes rêves et cet autre Eden, cher ami, vous l’avez patiemment construit, Lili et toi…
Je me souviens de la première petite bâtisse, au beau milieu de la châtaigneraie, où les jeunes se donnaient rendez-vous dans les soirées estivales. Parfois, en rentrant chez moi très tard dans la nuit étoilée, je m’arrêtais longtemps, quelques fois couché sur l’asphalte déserte, à scruter le ciel, à imaginer d’autres univers au-dessus de nos têtes. Ce monde était merveilleux et m’enchantait comme un conte de fées séduit les jeunes enfants.
Aujourd’hui, avec un regard encore enfantin et un peu d’imagination, on y vient en plein jour pour y retrouver une nouvelle galaxie, saluer une fois encore notre vieille amitié…
Ce texte date de 2019, c’est une reprise.
Il y avait un commentaire que voici :
lheliotrope
25/06/2019 à 21:34 Modifier
Je n’ose plus faire de commentaires….les mots sont tellement justes, les images tellement détaillées … cette justesse du ton et du mot me laisse béate d’admiration. …
Très beau, un paradis sur terre qui recèle une amitié peu commune…
🙂