Un curé de campagne soupçonnait son sacristain d’abuser du vin de messe en son absence.
Il lui conseilla de se confesser en fin de semaine. L’homme à tout faire dans l’église se présenta devant le confessionnal le samedi suivant.
Le confesseur ne tergiversa pas et d’emblée lui avoua :
– J’ai remarqué que quelqu’un boit mon vin en cachette, tu as une idée ?
Aucune réponse. Il insista deux ou trois fois, toujours pas de réponse.
Le sacristain finit par lui signifier qu’il n’entendait rien du tout de son côté et lui suggéra de changer de place pour vérifier ses dires.
_ Dites-moi, M. le curé, il y a quelqu’un qui couche avec ma femme lorsque je suis absent, vous avez une idée ?
Il répéta plusieurs fois, aucune réponse. Le curé se leva, ouvrit la porte du confessionnal et dit :
– Vous avez raison, on n’entend rien du tout de l’autre côté !
La confesse a toujours été une énigme pour moi du temps de mon « enfant de cœurat ». L’endroit est mystérieux et le tamis qui permet de communiquer par murmures et chuchotements dopait mon étonnement. Dire ses péchés à voix basse en renforce la crédibilité et cette intimité très proche, liée au secret de la parole livrée et donc libérée, rajoutait de la force à la confession.
De nombreuses personnes se soulageaient ainsi, vidaient leur sac, faisant de la place pour recommencer. Si le passage devant l’éternel à travers son représentant du moment avait une quelconque efficacité, nous n’aurions que des anges sur terre parmi les confessés.
Or c’était souvent les mêmes qui revenaient faire pénitence.
Un temps, j’ai cru qu’il s’agissait d’une sorte d’interminable psychanalyse durant laquelle on s’allégeait pour pouvoir recommencer à vivre comme un humain, c’est à dire comme un pauvre pécheur, inévitablement. Les anges ne vivent pas sur terre.
Ce passage sous l’œil attentif et l’oreille fine du curé qui reconnaissait bien ses ouailles au regard et la voix à travers tamis, mettait bien quelques bémols mais n’empêchait guère la récidive du « mal » humain.
Il n’y avait aucun passage incognito, tous étaient démasqués… et puis on s’habitue et tout recommence.
Dès que j’eus raconté des bobards pour inventer des péchés, du bas de mes sept ou huit ans, j’ai compris que le missionné du ciel n’en savait pas plus que le commun des mortels et n’avait aucun pouvoir de laver des âmes, fusse par « Je vous salue » et « Notre Père » posés et interposés…
Un nouveau curé arrive dans la paroisse…
Le maire est agenouillé devant le confessionnal.
– Pardonnez moi mon père parce que j’ai glissé dans la rue, il y a quelques jours…
– Monsieur le maire vous devriez vous occuper sérieusement de l’état de vos routes, votre épouse a glissé cinq fois cette semaine.
Le nouveau représentant du ciel ignorait les vieux codes de cette paroisse, « glisser dans la rue » signifiait tromper son conjoint.
Voilà le billet du vendredi, jour du poisson, ce soir ce sera lotte.
Inutile de vous attarder sur mes supputations, il n’y a aucune leçon, rien de bien sérieux, je me suis amusé une fois de plus à enfoncer des portes ouvertes.
C’est très agréable et ne demande aucun effort physique, il faut juste ne pas pousser trop violemment au risque de se retrouver par terre. 😉
Pour faire pénitence, je vais vous livrer ma recette du jour.
La lotte est très chère en ce moment, un produit de luxe, au diable l’avarice !
Couper des carottes en allumettes longues et effilocher des poireaux moyens.
Les coucher bien séparés dans une cocotte en fonte sur un léger filet d’huile d’olive.
Couvrez et laissez cuire à petit feu. Au bout d’un quart d’heure vérifiez l’état des légumes et sans les déranger déposez les darnes épaisses de lotte dessus, refermez la cocotte et laissez cuire une vingtaine de minutes à l’étouffée, toujours à feu modéré. Ne pas trop cuire le poisson.
Entre temps préparez un aïoli.
Placez vos légumes dans un plat ovale, exactement comme dans la cocotte, gardez au chaud sans cuire.
Faites réduire l’eau de végétation à feu vif, dès que c’est moins aqueux versez votre aïoli d’un seul coup, fouettez vivement et nappez votre plat avec cette sauce, dégustez sans attendre.
C’est divin, Seigneur !
Demain vous aurez le détail de la recette en images, les invités arrivent ce soir…
J’adore les deux anecdotes, attention aux glissades ! 😉
Pas de verglas par ici, les voies sont sèches ! 😉