Un insecte passionnant…

C’est en voyant cette image que me vint l’idée d’évoquer ce sujet déjà traité.

Le titre va vous sembler énigmatique ou un peu exagéré et pourtant vous ne pouvez imaginer à quel point le Sceliphron est intriguant.

La bestiole est une guêpe solitaire plus communément appelée « guêpe maçonne » car elle construit ses nids avec de la boue dans des endroits ombragés, souvent à l’intérieur des maisons.

Je me suis intéressé à cet insecte à la suite d’une leçon de philosophie sur l’inné et l’acquis.
Notre prof était un homme qui savait nous promener parmi les péripatéticiens, disciples d’Aristote.
Tel un Socrate contemporain, il philosophait en se promenant dans la salle de classe.
M. Peretti déambulait devant le tableau faisant de nombreuses digressions en fonction de nos réactions.
Cela date donc de mon année de terminale, rendez-vous compte si l’affaire est ancienne !

Il avait choisi, pour évoquer « l’inné », le sphex, autre guêpe solitaire qui s’apparente au sceliphron.

A la saison chaude, j’observe cette guêpe – le sceliphron très commun chez nous – et voici son mode de reproduction.

L’insecte prospecte à la recherche de l’endroit idéal pour construire ses alvéoles maçonnées avec ses pièces buccales. Une fois le nid terminé, il part à la chasse aux araignées qu’il paralyse avant de les déposer dans l’urne, pond un œuf, ferme l’alvéole avec un opercule de boue et quitte définitivement le réceptacle.

La larve va se nourrir en vidant les abeilles paralysées, assez nombreuses, de six à plus de dix par nid selon la taille. L’insecte parfait va découper l’opercule et commencer sa vie d’adulte avec un comportement similaire à celui de ses géniteurs qu’il n’a jamais connus.
C’est ce que notre prof nommait programmation au niveau de l’espèce. Il n’y a aucun apprentissage, tout est reproduit instinctivement.
Voilà pour le côté étonnant.
Ce comportement totalement mécanique, identique pour chaque individu, reste mystérieux. La science explique le comment sans trouver de raisons à cette énigme.

Pour accéder au pourquoi, il faut se référer à la métaphysique et tout ce qui concerne la métaphysique concerne la croyance totalement à l’opposé de la science et du savoir. On n’en sait rien et probablement, on ne le saura jamais.

Le sphex se comporte exactement de la même manière en construisant des galeries verticales dans une terre sablonneuse, paralyse grillons, criquets, sauterelles ou larves d’autres insectes avant de pondre un œuf dans chaque alvéole.

De nombreuses personnes rencontrent ces insectes sans savoir qu’ils reproduisent indéfiniment les mêmes comportements sans jamais les avoir appris puisqu’ils débarquent du néant à l’âge adulte.
Il en va de même pour l’ensemble des insectes, sans doute.

Etonnant, non ?

Image en titre : Village construit par un sceliphron, découvert dans une commode après avoir retiré un tiroir. Il n’y qu’un œuf par nid.

Un sceliphron prospecte à l’intérieur de la maison.
Une alvéole et ses araignées paralysées.
J’en ai compté huit.
Araignées trouvées dans trois nids.
Elles bougeaient à peine.
Voici une larve de sceliphron qui se nourrit en aspirant les parties molles de l’araignée.

Le saviez-vous ?
Les péripatéticiens philosophaient en marchant et les péripatéticiennes prospectent en marchant aussi.
Les hiboux donnent une autre version du glissement sémantique :

Péripatéticien et péripatéticienne, une autre philosophie.

3 Comments

  1. Fascinant. L’image qui vient juste après le texte est extraordinaire, elle ferait certainement le bonheur des entomologistes.
    Clin d’oeil aux zhiboux 😉

    1. Les hiboux sont intenables en ce moment, voyez ce qu’ils vont penser !
      A li brutti !
      Dès le lever, ils me disaient : « Tu as dit notre pensée, tu as dit notre pensée ? »
      Il a fallu leur montrer pour être cru et eux aussi ont fait du cru !
      Bonne journée Al ! 😉

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