Et nos tristes ruisseaux…

Ce matin, je plantais les fèves et les petits pois.
La terre était sèche…
Il y a deux jours, je courais les jolis coins de l’Alta Rocca, je n’avais récolté que petits bijoux.
Je suis allé faire un tour du côté des rivières, l’onde était tristounette, elle chantait avec un chat dans la gorge, on l’entendait à peine.
Alors, que d’ordinaire elle virevolte, sautille, serpente, saute et bondit dans des petits lacs, elle boitait bas et avançait péniblement, faisait presque du surplace, par endroit dormante, très assoupie sur son cours, elle était alitée quasiment grabataire..
Aucune mélodie, pas le moindre gazouillement, le ruisseau était aphone. Pas un glouglou, ni glougloup, seul le frissonnement des feuillages « automnisants » animait faiblement le silence.
Eole semblait fatigué aussi, passait timidement parmi les feuilles et les décrochait, une à une, deux par deux, pas plus, l’antique vieillard avait perdu son souffle.
Tout, aux alentours de l’eau, semblait en apoplexie silencieuse…
Les aulnes qui bordent la rivière étaient tristes à mourir.
On se serait cru à des funérailles, le végétal environnant en calvitie précoce, les branches jointes, saluait le langoureux cortège de l’eau moribonde.

Quand nos rivières, qui deviennent torrents impétueux au moindre orage, se font rus, c’est le blues au bord de l’eau, les jardins assoiffés tirent leurs langues de chiendents ébouriffés, la terre totalement altérée…

Et puis, au loin, le cormoran jouait avec le bleu marin…

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