Le bromure était utilisé dans la nourriture et la boisson pour réduire le désir sexuel des soldats durant la guerre. Le législateur contemporain désireux de lutter contre la prostitution s’attaque aux clients des prostituées en dégainant un puissant anaphrodisiaque : l’amende de 1500 € pour une première passe et de 3750 € en cas de récidive. La main est lourde et semble hautement dissuasive.
En apparence seulement. A n’en pas douter, la nouveauté législative n’échappera pas à la règle des effets pervers et de ses contournements. Aucune invention nouvelle n’y échappe.
Lorsque j’étais militaire en Allemagne, j’ai passé un long séjour en cuisines durant ma très courte carrière dans la Grande Muette. J’avais repéré les bouteilles de bière destinées aux bidasses que l’étiquette soigneusement marquée trahissait et ne me servais que des boissons destinées aux civils allemands présents dans le service. Ce qui me valait l’admiration des copains de chambrée le matin au réveil. La plupart d’entre eux n’était pas au courant de la pratique. Les contrevenants potentiels trouveront bien une manière d’éviter de tomber sous le coup de la loi qui encourage l’onanisme à défaut d’être totalement castratrice.
La première idée qui vient à l’esprit est la collaboration précieuse de la prostituée, elle-même. Attrapés en flagrant délit, elle déclarera qu’il s’agit d’un petit ami de passage qui lui a permis de soulager une envie pressante. Quant au mode de paiement, il pourrait se faire par tierce personne qui toucherait une commission au passage, payée par l’usager bien content d’éviter d’y laisser le mois entier. Un travail au noir qui pourrait devenir encore plus obscur. En cas de prise multiple en flagrant délit au cours de la même journée, la donzelle pourrait se déclarer malade de nymphomanie en affirmant son besoin d’assouvir ses pulsions en prenant son pied avec de nombreux petits amis. Une explication qui aura pour effet de faire monter artificiellement le pourcentage de nymphomanes dans la population féminine.
D’autres pourraient faire appel à des guetteurs/aboyeurs pour éviter le repérage téléphonique ou prendront rendez-vous directement chez le client en se déclarant diseuses de bonne aventure à domicile. On souhaite beaucoup de plaisir aux policiers qui vont devoir courir les quartiers lorsqu’ils étaient assignés à un seul domicile.
Je passe sous silence les risques encourus, ordinaires et pécuniaires pour ceux qui ne déclarent pas leurs revenus, financiers aussi et physiques pour celles qui ne déclarent pas leurs allées et venues.
Les pulsions et les fortes libidos stimulent infiniment l’imagination, les contrevenants à la loi en déborderont sûrement pour trouver la faille. Je crois bien que l’on n’est pas près d’interdire à certains de mettre leur baguette dans un four clandestin, l’enjeu n’en devient que plus excitant.
Comme d’habitude, je me suis amusé en écrivant ce texte, j’observe de loin tous ceux qui veulent mettre en équation toutes les choses de ce monde… l’intention est louable la réalité ne suis jamais ou se transforme… pour une autre mise en loi. N’y voyez donc aucun sérieux pur et dur…