Les guêpes solitaires.

Vous avez certainement déjà été surpris par l’intrusion d’une guêpe solitaire dans votre habitation.
Dès le début de l’été, elle commence à prospecter dans les chambres et les couloirs à la faveur d’une porte ou d’une fenêtre ouverte. Elle cherche un endroit pour construire son nid contre un mur, en hauteur le plus souvent.
DSC_2359
Celle que l’on rencontre en Corse et dont je vous parle, se nomme sceliphron.
Il existe une quantité importante de variétés au mode de vie à peu près similaire.
Certaines guêpes nichent dans des galeries creusées dans la terre ou squattent des trous déjà existants… Le sceliphron guêpe très fine, au corps allongé, mène une vie solitaire contrairement aux guêpes communes qui vivent en petite société.
La femelle construit des nids qui ressemblent à des vases, sortes de fourreaux en terre argileuse. On en trouve un peu partout, sur des murs, sur des plantes et même sur des habits qui restent longtemps en place comme vous pouvez le voir sur l’image ci-dessus.

Certaines espèces cherchent des chenilles, celle qui nous intéresse privilégie les araignées qu’elle paralyse avec son dard avant de les transporter dans le nid.
J’en ai compté jusqu’à cinq par loge.
Elle pond un œuf, ferme son antre avec de la glaise humide et ne revient plus jamais.
On peut voir la récolte sur l’image, ci-dessous, la taille des araignées est compatible avec le volume de l’abri.

Voici le contenu de trois ou quatre loges.
Toutes ces araignées sont vivantes mais paralysées.
DSC_2407
A sa naissance, la larve issue de l’unique œuf par loge, se place sur l’abdomen de l’araignée (ici, une épeire diadème) immobilisée par le venin, et commence à se nourrir.

A l’âge adulte, devenu insecte parfait, l’hyménoptère (insecte de la famille des abeilles) quitte le nid en se servant de ses mandibules pour créer une ouverture dans l’opercule (couvercle que la guêpe réalise lorsqu’elle a pondu).

Le plus intrigant dans la vie de la guêpe maçonne est que l’insecte nouveau (femelle) va reproduire exactement le même comportement que sa génitrice sans jamais l’avoir jamais vue.
Sans aucun apprentissage, elle agit comme si elle avait été programmée pour refaire les mêmes choses. Une sorte de connaissance innée de la boue, du maçonnage et de la recherche de proies de même espèce, larves et chenilles pour les unes, araignées pour les autres.

A l’inverse du sceliphron, il existe un hyménoptère impressionnant également solitaire nommé scolie des jardins. La scolie ressemble beaucoup à un gros frelon mais n’en a ni l’agilité ni l’agressivité. L’insecte est presque nonchalant, mollasson mais sa livrée suffit à faire fuir toute personne surprise par son apparition ou son intrusion dans une pièce de la maison. Son dard lui sert presque exclusivement à paralyser les grosses larves de scarabée rhinocéros qu’il entreposera dans son antre, terrier creusé dans le sol. Tout comme la guêpe maçonne, il pondra son œuf unique, dessus.

Pouvant atteindre 5 cm de long, la scolie impressionne mais pique rarement l’homme, son venin est peu actif et provoque une douleur modérée (certains disent piqûre très douloureuse -?-). Mieux vaut la regarder et la laisser vaquer à ses occupations.

Lorsqu’on observe la nature de manière plus précise, on découvre des modes de vie surprenants.
Il y a là matière à philosopher sans tomber dans anthropomorphisme trop facile qui nous guette, faisant l’économie d’une réflexion plus approfondie.
Cette attitude assez répandue fera l’objet d’un autre texte.

L’image en titre montre un sceliphron qui prospecte sur un rideau à l’intérieur de la maison. Il cherche un endroit pour construire son nid. J’ai failli écrire un « endroit tranquille », voyez comme on plonge facilement dans l’anthropomorphisme si l’on se laisse aller à nos impressions humaines.
Son thorax et son abdomen, bien marqués, sont reliés par un « tube » fin nommé pétiole en référence à celui d’une feuille.

Le petit plus du jour :

Si les murs ont des oreilles, les clochers ont des yeux.

8 Comments

  1. Incroyable nature…
    La première photo est vraiment superbe, un simple insecte et vous faites des merveilles.

    1. Avec le contrejour, j’ai dû l’éclaircir pour qu’on voie mieux les détails, enfin, j’ai dit détails ? 😉
      Pour le reste, je me suis souvenu des cours de philo sur l’acquis et l’inné, le prof avait pris le cas du sphex (autre abeille solitaire).
      Je reviendrai peut-être sur l’anthropomorphisme qui a toujours existé mais qui prend le large en ce moment. Une ampleur qui éclipse fortement l’esprit scientifique.
      Mais est-ce que cela intéresse encore, ce genre de distinguo ?
      Vue la faible exposition de ces pages, je m’essouffle pour rien 😉
      Merci Al, c’est sympa.

  2. vous avez aussi quelques commentaires sur Fbk il me semble, les gens ne font pas la démarche de venir papoter ici à part les habitués mais c’est la même chose sur tous les blogs…. Je n’attirais des lecteurs que lorsque je participais à des challenges d’écriture, au départ. Mais c’est dans la blogosphère fermée de WPC.
    J’ai du mal avec ces nidifications ! surtout lorsqu’elles se mettent dans les volets d’aération des fenêtres ! ou encore sous les tuiles en bordure du mur pffffffffffff

    1. Oui, mais désormais vous en connaissez un bout sur leur mode de vie, c’est « plus mieux » comme disait quelqu’un 😉
      Pour le reste, je ne me plains pas, je fais comme les copains, mais je constate et m’interroge sur l’intérêt de m’épancher autant.
      Vous voyez, Gibu, je viens d’écrire le texte sur l’anthropomorphisme pour demain, ça va barber alors qu’il me semble d’un intérêt non négligeable, de prendre conscience de ses approches erronées.
      Je remercie l’habituée que vous êtes 🙂
      Une Al de moins, une Gibu en vadrouille ailleurs et une Gys partie et me voilà tout seul… Peut-être une Tatiana pour quelques temps ?
      Merci à toutes vous êtes bien sympathiques !

  3. Sympathiques article et réflexions.
    Ils font partie de ceux qui enrichissent de références les pensées du promeneur solitaire. J’en atteste depuis de années désormais. Avec mes quelques relations parmi les naturalistes du marais de mon coin, vous m’avez rendu le ratatinement relationnel progressif lié à l’âge, beaucoup moins désertique, en démultipliant la perception des choses.
    Reste bien sûr que ta réflexion sur la pertinence de ce types d’écrits doit certainement en effleurer plus d’un. J’en suis. Il n’est pas facile aux « passeurs de culture » retraités de laisser sombrer leur barque.
    Allons ! Les intentions sont généreuses et les lecteurs restent libres d’embarquer ou non.
    Bien à toi.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *