La pastille.

La pastille, pour moi, c’est pas la vie.

J’étais chez un boucher, pas au village, et je lui demandais des côtes de porc dans l’échine, sans pastille.

– C’est quoi une pastille, je suis boucher depuis dix-sept ans ans et je n’ai jamais entendu cela.

Certes, dix-sept ans ça ne doit pas être assez car j’ai questionné un autre boucher :

– Sais-tu ce qu’est une pastille si je te demande une côte dans l’échine .
– Ça doit être une partie de longe, l’endroit où l’échine et la longe se rencontrent ?
– Bingo ! Voilà un boucher, ça tombe sous les sens !

Je n’aime pas la pastille, c’est sec, j’ai l’impression de manger du journal.
Je préfère la partie périphérique plus grasse et plus goûteuse, le goût c’est la vie.

Je vais vous raconter une anecdote.
Je n’aime pas le blanc de poulet, c’est de la farine, pour moi.
Je devais me rendre chez des cousins, je les avais avertis de ne rien faire, que j’apporterai de quoi manger.
Attiré par l’odeur d’une rôtisserie, j’ai eu l’idée d’acheter poulet.
J’adore les ailes et le dos croustillant, l’entrecuisse aussi, n’allez pas activer votre imaginaire pour en tirer des trucs obscurs, même si c’est vrai… mais surtout pas le blanc.
J’ai fait mon calcul rapide et je me suis dit que je devais acheter trois poulets rôtis pour avoir la certitude de tomber sur mon morceau favori.
A table, je me suis désigné serveur :
– Qui veut une cuisse ?
La réponse fut multiple et empressée :
– Moi je veux du blanc, moi aussi, moi aussi…
– Du calme, il y an aura pour tout le monde !

J’étais aux anges, il me restait six ailes, trois dos dont six « sot-l’y laisse », rendez-vous compte de ma chance…
Il n’y avait aucun épicurien, aucune épicurienne dans le lot. Tous réclamaient longue vie en préservant leurs artères.

Oh la la ! que j’ai apprécié le croustillant, bien salé et bien fourni en herbes de Provence, d’ici ou d’ailleurs, je n’en sais rien.

Et dire qu’un jour, il peut nous tomber un avion sur la tête après avoir tout fait pour rester en bonne santé !

Un avion ça doit être rare, me direz-vous, mais il y a d’autres engins non identifiés qui vous tombent dessus sans prévenir…

Bon, bon, bon, pour l’heure j’épicure à tout va, un jour je paierai la note, j’ai déjà bien voyagé et j’accepterai ma dette sans rechigner 🙂

Ma fille a compris mon sens de la vie, lorsqu’elle vient en vacances, elle me demande toujours :
– Papa qu’est-ce que je te sers ?
– Ce morceau ! et elle le pose dans son assiette.

Désormais, je dis, sers-toi, sers toi, je me servirai après, elle insiste…
Bon, je ne suis pas en manque, alors je me laisse faire et distille ma vie.

Haro sur la pastille !

Jamais, je n’aurais croqué mes gélines !
On t’aimait bien, tu sais !
Moi aussi !
Ah, c’était le bon temps !

4 Comments

  1. Ha vos jolies poulettes…
    Alors si nous nous retrouvons à table ensemble, nous nous disputerons les ailes 😉 Y a qu’ça d’bon dans l’poulet !
    Parfois j’en trouve, uniquement des ailes que je fais rôtir à la poêle, herbes de Provence et ail hum, c’est le repas des rois 🙂

    1. Et des reines aussi, vous allez vous faire tirer les oreilles par les féministes 😉

      Un jour j’achetais des ailerons de dinde, un monsieur me dit, je les donne au chat.
      Vous ne savez pas cuisiner, je les incise et les farcis d’ail et d’échalote ciselés, un peu d’estragon et je les cuisine à la poêle ou au four, c’est délicieux !

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