Asseyez-vous un instant.

J’ai la chance de vivre entouré de montagnes et de maquis. Pourtant, je n’éprouve aucune impression d’étouffement. Bien au contraire, les contours de Cagna qui se profilent à l’horizon m’offrent une perspective de vue et de rêves à filer jusqu’aux étoiles, surtout à la tombée de la nuit et bien plus tard lorsque le ciel ouvre enfin sa grande porte sur l’Univers.

Alors, je m’assois sur le rocher. Je lève la tête et j’imagine. La pensée se libère et fouille mon entendement à travers des neurones jamais fatigués de conduire toutes ces idées qui vont et viennent comme les étoiles filantes au-dessus de ma tête. Tous les rêves sont permis. Je choisis les plus beaux ceux qui me conduisent vers des êtres mystérieux. Mystérieux ? Pas tant que ça, je les vois, je les invente, je les fais vivre autour de moi. J’ai tant envie de savoir s’ils existent. Sont-ils plus évolués que nous ? Ou alors plus violents ? Plus fous ? Je les invente avec les limites de mes connaissances mais je sais qu’ils sont peut-être dans une autre dimension. Ont-ils des sens ou un sens seulement ? Un sens à tout, un sens pour tout ? Ou pas de sens du tout ?

Est-ce temps perdu ? Suis-je stupide ? Je m’en fous, je vis comme je veux, je vis ce que je veux, ce que je veux me plait et suffit à mon bonheur. 

Tiens, un nuage venu de nulle part se met à courir sous la lune. Il file comme s’il fuyait celui qui lui court après. Il me dit : « tu vois, je ne fais que passer. Je vais me défaire un peu plus loin, tu ne sauras pas… Je suis le temps qui passe ».

En cette fin de mois d’août, le ciel devient changeant bientôt la grande porte va se refermer. Il fera froid sur le rocher, il faudra regarder les étoiles dans l’âtre. Ces petites gerbes qui s’élèvent soudain comme un feu d’artifice. La cheminée est le ciel de l’hiver. Le soleil est au cœur du tison qui envoie sa chaleur. La fumée et la vapeur sortie d’un bois trop vert s’amusent à faire les nuages. Le tirage provoqué par une fenêtre, ouverte un instant, figure le vent. La brise légère ou la rafale pressée. Un autre tison se ranime, une autre galaxie s’illumine avec un autre soleil. Comment font-ils pour vivre dans ces brasiers les petits hommes verts ou rouges ou noirs de charbon ? Ils n’en ont cure de mes pensées, ils vivent dans ma tête. Ils vont, ils viennent et se plaisent avec moi.

Ce soir, j’irai voir le vent. Ce vent fou qui n’arrête pas de pousser les nuages, qui fait tomber les fruits, arrache déjà les feuilles… et celui en rage qui emporte les tuiles, secoue les volets, déracine parfois.

La vie passe par chez vous, on ne sait pas grand-chose d’elle… alors asseyez-vous un instant et regardez-là passer.

Rien qu’un moment… elle va filer.

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