C’est ma période Confucius mais ça me passera.
De ces deux questions, la deuxième est probablement celle qu’on entend le plus fréquemment. Normal, elle n’a souvent pas de réponse et jamais lorsqu’elle est fortement connotée de métaphysique.
Le « pourquoi ? » est très variable et toujours chargé d’égocentrisme. Pourquoi moi ? Pourquoi m’arrive-t-il cela ? Et même lorsqu’il semble déchargé du « moi », Il met en jeu la personnalité en faisant ressortir sa vulnérabilité. La réponse à cette question se trouve dans le « comment en suis arrivé à me sentir visé ? »
Par exemple, si vous vous demandez « pourquoi les oiseaux ont des ailes », la réponse attendue n’est pas « pour voler ». Elle est bien plus mystérieuse et sous-entend : « pourquoi eux, pas les vaches ou pas nous ». Il n’y a pas de réponse à cette question qui conduit directement au créateur… et lui-même savait-il pourquoi faire voler les coccinelles et pas les tortues ?
Le pourquoi suprême conduit directement à l’idée de Dieu. Il questionne sur la transcendance et ce caractère hautement métaphysique ne trouvera jamais de réponse ici-bas. Ce vide conduit à se réfugier dans la croyance qui n’est qu’une réponse provisoire, de confort plus que de réalité. L’égo reste au cœur de la question et craint de trouver la réponse dans le jugement dernier et l’au-delà qui fait peur ou rassure.
Se poser la question « comment ? » demande tout un cheminement de la pensée. De la circonspection, du calme, du recul, du temps, de la patience, de l’observation, de la logique, de l’intuition, un esprit d’analyse et de synthèse… ça fait tout de même beaucoup. Ce questionnement suppose un esprit scientifique qui n’est pas donné à tout le monde.
Ainsi, le comment est sérénité, le pourquoi n’est qu’angoisse.
D’où m’est venue cette idée saugrenue ? Je suis photographe amateur depuis 1976. En début d’année, j’ai fait l’acquisition d’un nouvel appareil photographique et à ce jour, je ne l’ai pas encore dompté. Je me plante presque à chaque fois, alors que je devrais avoir des clichés de haute volée. Ainsi, je me suis demandé : comment se fait-il que je ne parvienne pas à le maîtriser ? Je cherche, je teste et je comprendrai tôt ou tard où sont mes erreurs. Je me suis bien gardé de me demander « pourquoi ça ne marche pas ? ». Simplement parce que la vérité sort des paramétrages … à moins qu’il ne soit arrivé hors d’état de marche correcte… je ne tarderai pas à le savoir car j’ai décidé de le prendre en main, alors que jusque-là, j’œuvrais avec mon vieil ami bien obéissant pour ne pas trop me prendre la tête avec mes ratages.
Ma vie a été celle d’un autodidacte pour une grande partie, je continue avec mes questionnements. J’ai beaucoup aimé le joli mot d’une « amie » canadienne de fraîche date sur Facebook qui m’a délivré du vilain mot d’autodidacte, elle me disait : « Quelle belle aventure que s’autoconstruire ».
Apprendre à connaître, à se connaître sans attendre grand mystère, là semble la démarche du savoir. Accrochez un « pourquoi ? » et le croire lui fera un beau cadre.
Confucius n’est jamais bien loin pour rappeler : « Je ne cherche pas à connaître les réponses, je cherche à comprendre les questions »…
Mes questionnements, c’est déjà bien suffisant sur la voie de ma construction qui perdure…