Ah ! Les belles bacchantes !

Moustache fine à la Clark Gable, ramassée sous les narines à la Hitler, fine et aérienne à la Dali, large et broussailleuse à la Ferrat, en forme de guidon du quidam qui s’amuse, en cornes de bélier qui tournent jusque sous les oreilles, tombante à la mongol… toutes, parait-il, trahissent un trait de caractère et se veulent signe d’autorité. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le psychologue de service.

Signe d’autorité comme la barbe de trois jours affiche celui de la virilité.

On ne peut plus jouer avec sa personnalité sans être catalogué.

Mon ami Antoine Ripolin (un surnom qui lui venait de son métier de peintre en bâtiment comme d’intérieur) se désespérait de me voir avec ma moustache à la chinoise. Entre deux mènes de pétanque, il me soufflait à l’oreille : « rase-moi cette moustache, ce n’est pas joli » puis il ajoutait, entre deux autres mènes : « Si tu la gardes, je vais t’appeler A Foumifouma, A Chimichima ! ». Vous imaginez si cela le travaillait de me voir revenir chaque année au village avec un attribut de plus en plus amusant. Amusant pour moi, pas pour lui.

Il espérait bien me rendre à la raison, sa raison… rien n’y fit. Il a bien fini par m’affubler du fameux prénom chinois qu’il avait inventé pour moi et m’allait si bien. Ce petit jeu nous amusait beaucoup, mais lui, pas trop… Il y croyait fermement, qu’un jour je cèderai.

C’était un brave homme toujours rasé de près lorsqu’il montait au groupe scolaire pour sa partie de pétanque. Il lui restait juste quelques tâches de peinture récalcitrantes sur les mains. Ce n’était pas faute d’avoir insisté, le cumul des coulures devenait coriace.

Nous investissions la Piazzona et les moustaches n’étaient pas légion. J’étais le seul si l’on excepte le Christ barbu tout proche dans l’église voisine. C’était fou comme une histoire de moustache pouvait meubler nos fins d’après-midi.

L’activité boulistique bat son plein actuellement sur la grand place avant de migrer vers le groupe scolaire à l’approche de la Saint Laurent. Antoine notre ami est parti il y a quelques années, et son souvenir reste intact.

« A Foumifouma, A Chimichima » n’a pas changé, il a encore une pensée pour toi… Un jour peut-être, on se retrouvera et grâce à ces jolies bacchantes, tu t’écrieras comme on le fait chez nous : « Mi ! Se tù, t’a sempri quisti mustacci ! A fatu bè, cusi ti ricunoscu… Ci femu una partita ?* »

Ce sont des bons souvenirs…

*Ha ! C’est toi, tu as toujours ces moustaches ! Tu as bien fait (de ne pas les couper), ainsi, je te reconnais… On fait une partie ?

 

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